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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.

Non, certes, à se fier aux apparences, pas plus aujourd’hui qu’hier, ce n’est l’heure des coups de théâtre de la politique, des sérieuses agitations d’opinion, des événemens qui peuvent changer le cours des choses. Cela reviendra peut-être, comme c’est revenu bien d’autres fois ; on n’a jamais le dernier mot du destin. Il sera toujours temps de voir ce qui arrivera.

Pour le moment, la trêve ménagée entre les luttes passées et les luttes toujours possibles de l’avenir, entre la confuse session qui a été close le mois dernier et la session nouvelle qui se rouvrira dans quelques semaines, cette trêve semble devoir aller jusqu’au bout sans accident ; on n’aperçoit du moins aucune menace de trop prochains orages, aucun signe suspect. Les conseils-généraux ont passé sans trouble, sauf peut-être quelques scènes un peu vives, déjà oubliées, entre préfets et conseillers. M. le président de la république, rentré à Fontainebleau après son dernier voyage, n’est point homme à agiter de ses turbulentes velléités la vieille demeure royale, asile de sa paisible villégiature. Nos ministres prennent leurs aises et continuent plus que jamais leurs promenades à travers la France ; c’est à peine s’ils se rencontrent une fois ou l’autre pour causer des affaires du gouvernement. Le pays, quant à lui, est tout entier au repos, ou plutôt à son activité régulière et silencieuse, à ses récoltes, tranquille et assez désabusé, recevant tout au plus un écho amorti des polémiques du jour. Pendant ce temps, notre armée, qui ne parle pas plus que le pays, est au travail, à ses manœu-