sistent parmi les bons et les prédestinés. La foi n’est pas toujours ce qui leur manque. Tous sont reçus et appelés au tribunal de la pénitence, ils y montrent la laideur de leur âme, ils pèchent sans regret, même avec joie, et n’accusent que le diable qui s’en réjouit, quoique ennemi de la vérité.
Vous leur parlez de haïr le péché, ils le désirent ; d’aimer le prochain comme eux-mêmes, le précepte ne leur paraît pas sérieux ; de préférer Dieu à ses créatures, de n’aspirer qu’à sa gloire, de se plaire aux souffrances, ils ne comprennent pas ; de grossir chaque jour le trésor de leurs mérites, ils repoussent ce genre d’avarice. Quand on se doit à tous, il faut s’accommoder aux méchans, ils sont nombreux. Serait-il charitable et prudent de leur dire, comme Daniel à Balthazar : « Aux balances du Seigneur votre poids est trop léger. Le vrai trésor vous manque, c’est la grâce. Discedite maledicti ; retirez-vous, maudits ! Où ? Dans l’enfer ; il est votre lot ; le feu y est préparé pour votre âme depuis le commencement du monde. L’Église est plus accommodante et plus douce. D’un mauvais payeur, on tire ce qu’on peut. Pour qui ne peut accroître la gloire de Dieu, on implore sa miséricorde.
De telles gens, pour Pascal, sont comme n’étant pas ; ils lui font horreur. C’est à eux que pensent les casuistes. L’entente est impossible.
L’étude des cas de conscience, pour celui qui veut, sans rien de plus, éviter le châtiment, ressemble fort à nos programmes du baccalauréat. Le casuiste, oubliant qu’il n’existe ni bornes ni limites dans les choses, veut marquer, sur la route du vice, le point qu’on peut atteindre sans danger, et le détail des chutes qui ne sont pas mortelles. Les rédacteurs des programmes d’examen, vrais casuistes de la science profane, marquent par exclusion le détail des ignorances tolérées. Le casuiste, en classant les péchés, ne les autorise ni ne les conseille. Le confesseur, auquel il s’adresse, les absout, mais les blâme. Les distinctions sont faites pour la classe, très peu digne d’estime, de ceux qui, semblables à Bartholo, dont la probité suffisait pour n’être pas pendu, veulent avoir de la vertu, tout juste ce qu’il en faut pour n’être pas damné.
La casuistique est un mal. Tous les esprits honnêtes et droits en conviennent. Les casuistes en tombent d’accord, mais la malice des hommes et la prétention de les diriger tous rend ce mal nécessaire. Les confesseurs au moins n’en doutent pas, et ceux qui font la guerre aux casuistes la déclarent à la confession.
« Lorsque, dit Bossuet, nous formons tant de doutes et tant d’incidens, que nous réduisons l’Évangile et la doctrine des mœurs à tant de questions artificieuses : que faisons-nous autre chose, sinon de chercher des déguisemens ! Et que servent tant