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LA
PRUSSE APRES TILSIT

II[1].
LA RÉFORME MILITAIRE[2]

Jamais le lien entre l’état social, politique, intellectuel des peuples et leur état militaire n’a été plus sensible qu’au XIXe siècle. Jamais n’est apparu d’une façon plus claire le rôle que jouent les élémens purement moraux dans la puissance et dans les succès militaires des nations.

Dans l’effort de la révolution française, arrêtant, puis domptant l’Europe coalisée ; dans le soulèvement qui affranchit l’Europe de la domination napoléonienne ; dans les guerres qui ont fondé, durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’empire d’Allemagne ; à l’origine de chacun de ces grands développemens de puissance militaire, l’on rencontre une idée qui a agité les nations jusque dans leurs couches profondes : la passion de l’égalité et de la justice sociale en 1792, la soif de l’affranchissement et de l’indépendance en 1813,

  1. Voyez la Revue du 15 août.
  2. En dehors des sources plus anciennes, et trop nombreuses pour être indiquées ici, nous citons seulement les deux publications les plus récentes, qui jettent sur ces questions un jour tout nouveau : les Mémoires de Bergen, et la Vie de Scharnhorst, par Lehmann.