quant, par d’ingénieuses fictions et comme par jeu d’esprit, aux problèmes de la morale, les méthodes et les subtilités de la dialectique, est un fruit des habitudes scolastiques transportées des écoles dans les confessionnaux.
Deux époux peuvent-ils commettre ensemble le péché d’adultère ? Astexanus, dans sa Théologie morale, publiée à Venise en 1492, propose et résout la question : « Ce péché, d’espèce singulière, suppose une épouse assez passionnée pour regretter de ne pouvoir, par amour pour son cher époux, braver en se donnant à lui la pudeur et le devoir.
Une Vénitienne, pénitente d’Astexanus, moins exceptionnelle peut-être qu’il ne l’a cru, lui a sans doute suggéré ce problème ; un amour désordonné pour son époux est, suivant saint Augustin, un attrait secret à en aimer d’autres.
L’Église, sous le nom d’usure, défend le prêt à intérêt. Quiconque exige plus qu’il n’a prêté est flétri du nom d’usurier. Le texte allégué est célèbre. Mutuum date nihil inde sperantes. Dans une société de chrétiens rigides, cette maxime gênerait les emprunteurs plus que les prêteurs ; pour mieux dire, il n’y aurait plus de prêteurs. Quand un négociant serait en danger de mourir de faim, les voisins charitables lui feraient l’aumône d’un morceau de pain, sans consentir à lui prêter, sans intérêt, les dix mille francs qui pourraient le sauver. Astexanus dispense ingénieusement les fidèles de cette impraticable maxime. Escobar, sans doute, n’a pas connu l’argument, il l’aurait reproduit. Le texte sacré blâme l’usure, le sens n’a rien d’obscur, mais Astexanus n’y voit qu’un conseil ; on a le droit de ne pas le suivre.
Prêtez sans espoir de gain, tel est le texte. Or s’il est ordonné de ne rien gagner, la phrase entière est impérative. Elle ordonne donc de prêter ; mais Dieu ne peut ordonner l’impossible ; comment, quand on n’a rien, obéirait-on au précepte ? Comment supposer même que la loi divine ordonne à chacun dès qu’il possède une obole de l’offrir à un emprunteur ? Nihil inde sperantes est donc un conseil, comme mutuum date qui le précède.
Pour la seconde partie des Provinciales, comme pour la première, on a élevé une question de fait. On peut la poser de plusieurs manières : les citations sont-elles exactes ? Leur interprétation est-elle conforme à l’esprit du texte ? Les maximes condamnées sont-elles acceptées par les jésuites ?
Il faut, sans hésiter, répondre : Oui. Les difficultés que l’on a élevées sont, comme disait familièrement Bossuet, de pures chicaneries.
On peut demander, en second lieu, si ces scandaleuses maximes sont antérieures aux jésuites ? s’il est vrai qu’avant l’existence de