quod sic illicite acquisitum est retinere potest et de eo elemosynam fieri.
L’audace touche à l’impudence. Le texte auquel Nicole renvoie exprime en termes très clairs la proposition qu’il refuse d’y rencontrer. Comment l’expliquer ? Par l’abus de la dialectique. On avait accusé Montalte de rendre Lessius responsable d’une décision que Lessius déclare empruntée à saint Thomas.
« Montalte, dit-il, en rapportant cet endroit de Lessius, a omis cette autorité de saint Thomas. On demande si, en cela, il a eu tort ou s’il a eu raison. Pour en décider, il n’y a qu’une chose à examiner : savoir si saint Thomas n’a pas distingué ce que Lessius assure qu’il ne distingue pas. S’il ne distingue pas, j’avoue que Montalte a eu tort de l’omettre, et que les jésuites ont raison de se plaindre. Mais, s’il le distingue, il faut aussi que les jésuites avouent que Montalte a eu trop d’indulgence pour eux de leur pardonner une imposture si manifeste, que Lessius doit passer pour un faussaire, et le père Annat pour un malavisé de se plaindre d’une chose dont il devrait avoir obligation à Montalte. » Le raisonnement de Nicole peut se résumer ainsi : « Est-il vrai que Pascal ait reproché à Lessius une décision empruntée par lui à saint Thomas avec indication de son origine ?
Cela n’est ni contesté ni contestable. Mais Lessius a dit : « Cette décision est de saint Thomas qui condamne sans distinctions… »
Nicole lit saint Thomas, trouve dans le passage le mot distinguer ; il ne veut chercher ni pourquoi ni dans quel sens saint Thomas distingue. Lessius est un faussaire ; il a affirmé ce qui n’est pas ; il n’en veut pas savoir davantage.
Quand l’un des auteurs de la Logique de Port-Royal raisonne ainsi, ce n’est pas faute de la connaître.
Si l’on adopte pour le mot jésuitisme le sens dont les Provinciales ont enrichi la langue française, celui de manque de franchise, le jésuitisme est dans les deux camps.
Lorsque les curés de Rouen, s’intéressant les premiers à la querelle, et ceux de Paris, émus à leur tour par les révélations de Pascal, eurent la pensée, comme autrefois les pères du concile de Nicée, de témoigner, en se bouchant les oreilles, leur horreur pour les casuistes qu’ils voulaient juger, l’assemblée du clergé prit la décision de répandre en France les avis aux confesseurs donnés par saint Charles Borromée, ce modèle des prélats, afin que cet ouvrage, composé par un si grand saint avec tant de lumière et de sagesse, se répandant dans les diocèses, puisse servir de règle et comme de barrière pour arrêter le cours des opinions nouvelles.