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sympathiques encouragemens. Le Cadmus a été lithographie par Berthaux. Peu après son apparition, il fut acquis par le duc d’Orléans, et de cette époque date la grande bienveillance que le prince eut toujours pour M. Alaux. Le tableau dont nous parlons a fait partie de la galerie du Palais-Royal, où il a été brûlé, en 1848, avec beaucoup d’autres ouvrages importans.

Bientôt, M. Alaux envoya une nouvelle étude, un Diomède enlevant le palladium, dont l’académie, par l’organe du peintre Garnier, loua l’aspect, le dessin et le modelé vigoureux et ferme. L’action se passant évidemment pendant la nuit, la scène devait être, ce semble, éclairée par une lampe. De là une couleur rougeâtre dont parle le rapport, qu’il paraît blâmer, et qui était cependant tout à fait explicable. On ne sait ce qu’est devenue cette toile. Celle qui suivit, et qui fut aussi accueillie avec faveur, est au musée de Bordeaux. C’est un fleuve Scamandre implorant Jupiter contre les feux de Vulcain. A part une observation sur le dessin d’une épaule et d’un bras, le rapport ne donne que des éloges à l’auteur. Cette fois, le caractère est juste, la manière est large et facile, l’exécution dénote un beau pinceau. Ce sont les termes du rapport présenté, cette fois, par M. Cartellier.

Les rapports sur les envois de Rome sont intéressans à consulter, parce qu’ils sont l’histoire des opinions de l’Académie des Beaux-Arts. Ils nous font bien connaître, avec son esprit, la marche des hautes études. L’Académie est restée fidèle à sa doctrine. Elle engage toujours ses pensionnaires à viser haut et à rester vrais, à s’attacher au choix de leurs sujets et à élever la forme au niveau de la pensée. Alors, la mythologie était surtout mise à contribution par les jeunes artistes ; mais déjà on voyait apparaître les sujets de sainteté. C’était un nouveau champ ouvert à l’inspiration et aussi à la critique. Depuis longues années, la compagnie a confié à son secrétaire perpétuel la rédaction de ses rapports officiels sur les travaux de la villa Médicis. Elle a eu raison ; elle leur a ainsi donné tout au moins dans la forme plus de tenue et d’unité. Mais nous voyons qu’autrefois elle choisissait chaque année dans son sein un rapporteur différent. Ces comptes-rendus, moins parfaits, nous renseignent cependant sur le caractère de leurs auteurs. A bien prendre, ils débutent tous d’une manière assez solennelle ; mais bientôt le ton s’apaise et l’on entend un langage plein de sens et des conseils pratiques tels qu’on peut les attendre d’hommes spéciaux. La bienveillance y est grave et la sévérité paternelle. Ils sont tous ainsi, et dans chacun on trouve, avec quelque nuance de caractère, l’artiste expérimenté et le bon maître.

Le dernier envoi de M. Alaux témoigna d’un progrès remarquable. Son tableau représentait un Épisode du combat des