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fonds européen qui au cours actuel rapporte encore plus de 5 pour 100 et coûte moins que le 1 pour 100 turc lui-même. La spéculation ne le pousse que pour des motifs d’opportunité tirés de la comparaison avec d’autres fonds d’état.

Le Portugais avait baissé de 67 à 61.50 sur le conflit avec l’Angleterre, et sur l’échec du dernier emprunt. Cet échec n’est pas oublié et les Miguélistes ne désarment pas, mais le conflit avec l’Angleterre est arrangé. Ce dernier point a valu à la rente 3 pour 100 portugaise une reprise de deux unités à 63.50 après 64.

Les valeurs argentines ont résisté mieux qu’on ne le prévoyait, à la crise enfin dénouée par la retraite du président Celman. Les renseignemens les plus sérieux qui nous parviennent sur les incidens des derniers jours de juillet et des premiers jours d’août confirment ce qui avait été dit d’abord, que la politique a eu peu de part dans l’insurrection armée des Buenos-Ayriens, mais que la population avait été soulevée par un sentiment d’indignation contre une bande de tripoteurs qui menaient sans vergogne la république argentine à une ruine complète ou tout au moins à la banqueroute. Le président est devenu ainsi une sorte de bouc émissaire. On lui attribuait tous les maux dont souffrait la nation. Même vainqueur de l’émeute, il a dû donner sa démission.

Déjà la prime de l’or s’est abaissée de 210 à 150, et la confiance revient peu à peu. Le pays est intrinsèquement très riche, et pour peu qu’il jouisse d’une administration sage et économe, il ne restera plus trace, dans quelques années, des désordres et de la confusion par lesquels il a passé depuis dix-huit mois.

Le calme continue à régner au Brésil, où, contrairement à une dépêche qui avait circulé pendant quelques jours, M. Ruy Barbosa est toujours ministre des finances. La Banque nationale du Brésil, longtemps immobile à 600, s’est brusquement portée à 625 et reste à 610. La hausse, à Londres, du métal argent jusqu’aux environs de 54 pence l’once, résultat de l’adoption du « silver bill » par le congrès de Washington, a déterminé un mouvement de progression sur les valeurs mexicaines de chemins de fer et sur la Banque nationale du Mexique, cotée, chez nous, en hausse de 35 francs à 645.

Le « silver bill » oblige le secrétaire des finances des États-Unis à acheter chaque mois, contre émission de billets du Trésor ayant cours légal, 4,500,000 onces d’argent en barres, soit, pour toute l’année, plus que. la production actuelle des États-Unis. Nous avons dit plus haut quel effet avait déjà produit l’adoption de cette législation américaine sur la situation monétaire en Russie et en Autriche-Hongrie.

Le Mexique a contracté récemment avec un syndicat financier européen un emprunt de 6 millions de livres sterling 6 pour 100, dont le produit est destiné à payer aux compagnies de chemins de fer