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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

L’intérêt du monde financier, qui, pendant la première quinzaine d’août, s’était à peu près exclusivement concentré sur la rente française 3 pour 100, a été, depuis le milieu du mois, attiré dans une autre direction, le mouvement de hausse s’étant tout à coup généralisé.

Le dernier cours de compensation sur le 3 pour 100 avait été 92.70. Le 14 courant, notre principal fonds d’état était coté 94.55. Les acheteurs, ne doutant plus de le voir bientôt atteindre le niveau des consolidés anglais, venaient de lui faire gagner 1 fr. 85 en moins de deux semaines. Les raisons sérieuses ne manquaient point, non plus que les simples prétextes : succès parlementaires de M. Rouvier, ajournement de l’emprunt, séparation des chambres, paix profonde dans toute l’Europe, déclarations rassurantes de l’empereur d’Allemagne, du marquis de Salisbury, apaisement de toute agitation en Bulgarie, modération de la Russie dans l’affaire des bérats pour les évêques bulgares en Macédoine, arrangemens anglo-allemand, anglo-français et bientôt anglo-portugais.

La plupart de ces raisons parlaient aussi haut en faveur des fonds internationaux que de la rente française. Aussi a-t-on vu, au milieu du mois, se produire ce double phénomène, la rente française s’arrêtant dans sa course pour consolider les hauts cours si rapidement atteints, et la spéculation portant immédiatement ses efforts sur la plupart des rentes étrangères.

Notre 3 pour 100 s’est toutefois encore un peu élevé au-dessus de 9fr.55. Il atteignit même, vers la fin de la troisième semaine, le cours de 94.80. Mais le mouvement s’exagérait sous l’impulsion de mains plus téméraires que solides, le comptant ne suivait plus, malgré la continuation d’achats pour les caisses d’épargne. Des réalisations survenant produisirent sur ce marché, devenu très étroit pendant la période des vacances, une brusque réaction qui fut d’ailleurs de courte durée.

La confiance revint aux acheteurs sur la seule annonce de l’abaissement du taux de l’escompte de 5 pour 100 à 4 pour 100 par la Banque d’Angleterre. On a donc revu, pendant les derniers huit jours, des cours voisins des plus hauts ; mais le but visé, le cours de 95 francs, n’a pu être atteint. Il a fallu se contenter de la consolidation de la hausse déjà obtenue.

Pendant ce temps, d’importans changemens de cours avaient lieu