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en 1643. Le succès fut très grand ; mais aussi la résistance. On discutait en chaire les principes, voisins, suivant plus d’un docteur, de ceux de Calvin, et par conséquent dignes du bûcher. L’Augustinus fut d’abord condamné par une bulle d’Urbain VIII, le 6 mars 1641, comme renouvelant plusieurs propositions de Baius condamnées par Pie V en 1567.

L’Augustinus fut dénoncé en 1644, par l’Université de Paris, comme suspect d’hérésie, et, après un long et minutieux examen, la cour de Rome en interdit la lecture en y condamnant cinq propositions, dès lors mémorables, plus connues cependant par leur nombre que par leur sens véritable, sur lequel on n’est pas d’accord.

Les disciples de Jansénius, zélés pour sa mémoire, soulevèrent plusieurs questions. Les cinq propositions sont-elles dans Jansénius ? Quand Jansénius annonce simplement l’analyse et le développement des doctrines de saint Augustin, en use-t-il de bonne foi et sans se méprendre lui-même ? Quelle que soit enfin leur origine, les propositions sont-elles hérétiques et condamnables ? Telles sont les questions, de fait et de droit, devenues si célèbres.

La sentence régulière de l’Église tranche la question de droit. Les propositions sont fausses, téméraires, scandaleuses, impies, blasphématoires, injurieuses à Dieu et dérogeant à sa bonté.

Sur la question de fait, sans vouloir contester contre les saints ni se commettre avec les conciles, Arnauld déclarait avoir lu exactement le livre de Jansénius sans y avoir trouvé les propositions condamnées. Il ajoutait, non sans déguiser un peu ses véritables sentimens, qu’il les condamnait en quelque lieu qu’elles se rencontrassent, et dans le livre de Jansénius, si elles y sont. Si elles y sont ! le doute est injurieux pour le saint-siège, qui les y a vues. On invitait la Sorbonne à condamner cette témérité. Le projet, quoi qu’en dise Pascal, n’était ni extraordinaire ni hors d’exemple. Il nous suffira, pour définir le terrain, de donner ici la première des propositions si bien cachées. C’est la seule dont Pascal ait parlé.

Quelques commandemens sont impossibles aux justes malgré les efforts de leur volonté, avec les forces dont ils disposent présentement, s’ils n’ont pas la grâce qui les leur rend possibles.

Cette première proposition se lit, in terminis, dans le livre de Jansénius. La question de fait, pour elle, ne devrait pas exister. Elle existe pourtant. Je lis dans un pamphlet publié en 1644 : « De toutes les cinq propositions, il n’y a que la première seule dont les termes soient de M. d’Ypre, et néanmoins il n’est pas moins vray d’elle que de toutes les autres, qu’elle n’est point de M. d’Ypre ; parce que ces termes, séparés et détachés de tout ce qui les précède et les suit dans le livre de ce prélat, font une proposition