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saison des bains s’y prolonge plus longtemps que sur les côtes de la Manche et de l’Océan. Ils sont moins toniques, mais plus minéralisés que les autres. Le littoral méditerranéen convient à tous les scrofuleux ; mais il réclame surtout ceux qui sont trop faibles pour supporter ailleurs la médication maritime, et il appelle à lui l’innombrable famille des enfans à poitrine suspecte par leurs antécédens héréditaires, ou par les manifestations qui se sont déjà produites chez eux. Quant aux malades riches, ils peuvent varier leur séjour au gré de la saison, passer l’été sur les plages de la Manche ou de l’Océan et l’hiver sur les bords de la Méditerranée. En résumé, lorsqu’on peut choisir sa résidence, il est bon de le faire, mais ce qu’on ne saurait trop répéter, c’est que les enfans scrofuleux, quel que soit leur état, sont cent fois mieux dans un sanatorium maritime, quelle que soit sa situation, que dans l’atmosphère viciée des grandes villes et dans l’air empesté de leurs hôpitaux.

Quoi qu’il en soit, la place ne nous manque pas pour construire des hôpitaux marins, et nous pouvons choisir leur emplacement suivant les besoins qui viendront à se produire, et en tenant compte de la distance. Les concessions faites par les compagnies de chemins de fer aux œuvres philanthropiques ont diminué l’importance de cette dernière condition ; mais il est naturel que les familles préfèrent garder leurs enfans dans leur voisinage, et les administrations départementales doivent satisfaire ce désir dans la mesure du possible.

Il faut tout faire pour favoriser ce mouvement d’émigration vers les plages, pour décentraliser le traitement des tuberculeux de tout genre. L’œuvre des hôpitaux marins fait pour cela ce qu’elle peut, mais ses ressources sont très limitées. Son rôle se borne à faire de la propagande et à donner l’exemple sur quelques points du littoral. C’est à l’initiative privée de lui venir en aide, c’est aux conseils-généraux surtout qu’il appartient de la seconder, en imitant celui des Pyrénées-Orientales. Tous les départemens n’ont pas un pied dans la mer et ne peuvent pas créer un sanatorium comme celui de Banyuls ; mais ils peuvent tous diriger leurs petits scrofuleux sur les établissemens déjà créés, et c’est un devoir pour eux, lorsqu’il s’agit des enfans assistés dont ils ont la charge.

La mortalité de ces petits malheureux est effrayante[1]. Il n’en arrive pas un tiers à l’âge de la majorité, tandis que, pour les autres, la proportion est de près des deux tiers. Dans ces formidables

  1. Sur 100 enfans qui naissent en France, il en arme 69 à l’âge de la majorité. Parmi les enfans assistés nés de 1857 à 1866, il en est mort 68, 43 pour 100 avant d’avoir atteint cet âge, et 31,57 pour 100 seulement y sont parvenus.