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destination a été changée, on en compte dix qui ont une importance réelle et qui peuvent donner asile à mille sept cents petits scrofuleux environ. C’est bien peu de chose, cependant, à côté des vingt-deux hôpitaux marins qui garnissent les côtes d’Italie. Les autres nations sont, il est vrai, moins richement pourvues. L’Angleterre en est restée à ses premiers efforts. L’Allemagne n’a que quatre hôpitaux sur la Mer du Nord et deux sur la Baltique. La Hollande en a trois, la Belgique deux, la Russie, l’Autriche et le Danemark un. On en trouve trois sur les côtes d’Amérique.

La rigueur du climat explique le peu d’enthousiasme des pays septentrionaux pour la balnéation maritime, bien que ce soit en Angleterre que ce mode de traitement ait pris naissance ; mais la France est encore plus favorisée que l’Italie sous le rapport de la situation géographique. Ses trois mers offrent, dans le vaste développement de leurs côtes, une variété de sites et de plages qui ne laissent rien à désirer. Le littoral de la Méditerranée, surtout dans la partie qui s’étend de Marseille à Bordighera, est un véritable enchantement. C’est le point du globe qu’il est le plus doux d’habiter, et on y trouve, à chaque pas, des abris pour les malades. Nous sommes donc dans les meilleures conditions pour tirer un grand parti de l’hydrothérapie maritime et pour en faire bénéficier les enfans scrofuleux de notre pays. Il est impossible de savoir d’une manière exacte quel en est le nombre ; mais il est facile de constater qu’il est considérable.

Les statistiques dressées d’après les comptes-rendus du ministère de la guerre sur le recrutement de l’armée française établissent qu’on trouve 1 scrofuleux sur 100 jeunes gens qui se présentent devant les conseils de révision. La plupart des victimes de cette maladie ont succombé ou sont guéries avant le moment de paraître sous les drapeaux, et les statistiques ne portent que sur les infirmes. Lorsque cette sélection n’est pas encore opérée, les cas de scrofule sont bien autrement nombreux. D’après le docteur Phillips, sur 133,721 enfans examinés dans divers districts de l’Angleterre, 33,271, ou près de 25 pour 100, présentaient des marques certaines de cette maladie. Des statistiques semblables, reproduites par le docteur Bergeron dans son rapport de 1866, prouvent qu’elle est encore plus fréquente dans les autres contrées du nord de l’Europe ; mais, sans tenir compte de cette différence, en prenant pour base les chiffres atténués fournis par le recrutement, comme il y a en France 10 millions d’enfans au-dessous de quinze ans, on peut, sans exagération, évaluer à 100,000 le nombre des scrofuleux qu’on y rencontre. C’est, du reste, le chiffre généralement accepté.

La plupart de ces enfans appartiennent à des familles pauvres qui sont dans l’impossibilité de les envoyer à leurs frais sur le