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amenée d’Hyères par une canalisation en fonte. Elle aura une pression d’au moins 20 mètres sur le point le plus élevé de l’établissement. Les water-closets communiquent, par des tuyaux de chute siphonnés, avec une conduite générale en grès et en fonte qui suit la pente du terrain et va déboucher en pleine mer, à près de 500 mètres du rivage. Des réservoirs sont disposés pour pouvoir opérer des chasses dans la canalisation toutes les fois que cela sera nécessaire. Enfin, l’hôpital est complètement isolé ; aucune construction ne s’élève dans le voisinage.

Le terrain est assez étendu pour qu’on puisse y construire les quatre pavillons complémentaires qui figurent sur le plan, en les plaçant sur la même ligne que les autres, parallèlement à la plage, et en laissant entre eux un intervalle suffisant.

Pour le moment, le sanatorium de Giens est exclusivement destiné aux enfans pauvres de la ville de Lyon. Cinquante seront pris dans les hôpitaux et cinquante dans leurs familles. Lorsque l’établissement sera complété à 300 lits, on y admettra les petits malades d’une autre provenance, à la condition que les familles ou les communes s’engagent à acquitter le prix des journées d’hôpital. C’est avec ces ressources que l’hôpital Renée-Sabran pourra vivre. Il est à penser qu’elles ne lui feront pas défaut, car il réunit toutes les conditions qui peuvent assurer sa prospérité, et les succès obtenus, par le docteur Vidal, sur les petits malades qu’on lui a déjà confiés, sont de sûrs garans de ceux que lui promet l’avenir, lorsqu’il disposera d’un établissement plus convenable.

Jusqu’ici, son traitement consiste dans l’emploi de bains de mer pris à la plage ou dans une baignoire, et, dans ce cas, additionnés d’eaux mères fournies par les salins de l’étang des Peschiers, et qui marquent 32 degrés. Ce dernier mode de traitement, sur lequel le docteur Vidal fonde de grandes espérances pour l’avenir, n’a encore été mis en usage que chez un petit nombre de malades, parce que les installations provisoires faites au village de Giens ne s’y prêtaient guère et que les salins des Peschiers en sont assez éloignés pour rendre le transport des eaux mères difficile. Il compte en user plus largement lorsque le sanatorium sera terminé.

Grâce à la douceur du climat et à l’élévation de la température, on peut donner des bains à la lame durant six mois consécutifs. On commence généralement à la fin d’avril et on continue jusqu’en novembre. Pendant le reste de l’année, il y aurait de l’imprudence à plonger dans l’eau froide, même à Giens, des enfans aussi profondément débilités que ceux qui y ont été traités jusqu’ici. Lorsque le temps est beau, on laisse les enfans jouer et barboter dans l’eau tout à leur aise. Quand il fait un peu froid, on ne les y maintient pas plus de dix minutes ; on les retire, on les essuie et on les frotte