Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/940

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continuer l’expérience. Pendant trois ans, des convois successifs amenèrent à Giens des enfans scrofuleux qui s’en retournaient, au bout de quelques mois, guéris ou du moins transformés. Parfois leurs parens ne pouvaient plus les reconnaître.

Au bout de ce temps, le conseil-général des hospices de Lyon se déclara convaincu et prit la détermination de construire un sanatorium dans l’endroit où les premiers essais avaient si bien réussi. La question d’argent fut tranchée de la façon la plus simple et la moins onéreuse pour l’administration des hospices. M. Sabran acheta un terrain de 26 hectares et leur en fit don. Il ouvrit en même temps une souscription qui se couvrit de signatures et qui s’éleva rapidement au chiffre de 200,000 francs. Sa femme prit à sa charge la construction de la chapelle, et le conseil-général, pour perpétuer la mémoire des fondateurs, décida que le sanatorium porterait le nom de leur unique enfant, récemment enlevée à leur tendresse. Il s’appellera Renée-Sabran.

L’emplacement indiqué par M. Vidal, et accepté par une commission mixte de médecins, de chirurgiens et d’administrateurs, est situé au fond d’une petite baie qui se trouve à l’extrémité élargie de la presqu’île de Giens, à 10 kilomètres de la ville d’Hyères. Tourné vers le sud, abrité du mistral par les collines qui l’entourent, il est à 50 mètres d’une petite plage de sable fin couverte d’une légère couche d’algues incessamment renouvelée par la mer, qu’il domine d’une dizaine de mètres.

Le sanatorium qui se construit en ce moment, sous l’habile direction de M. Mangini, dont le nom rappelle la création des logemens ouvriers de la ville de Lyon, sera inauguré à la fin de cette année, ou au plus tard dans les premiers mois de 1891. Il ne contiendra que 100 lits, 50 pour des garçons au-dessous de quatorze ans, et 50 pour des filles au-dessous de seize ; mais les plans ont été faits en prévision d’un établissement de 300 lits, qui sera complété plus tard, à l’aide des fonds fournis par la souscription, qui reste ouverte. La partie qu’on bâtit maintenant comprend deux pavillons de 50 lits, dont le gros œuvre est terminé, un petit pavillon d’isolement situé à 150 mètres en arrière, le bâtiment central destiné à l’administration et aux services généraux, dont la construction est arrivée au premier étage, la piscine et la chapelle, qui ne sont encore qu’indiquées.

Les pavillons pour les malades se composent d’un rez-de-chaussée sur cave, élevé de 1m,20 au-dessus du sol et surmonté d’un étage qu’on y a ajouté, malgré les protestations de M. Vidal. À cette infraction près, les règles de l’hygiène y ont été scrupuleusement observées. Tous les édifices seront reliés entre eux par des galeries couvertes, mais à jour. Une eau d’excellente qualité y est