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a construit récemment deux pavillons qui permettent d’en loger 150, Le mobilier est simple, mais suffisant. Le personnel est très nombreux ; il comprend un médecin, deux chirurgiens et un interne, sans compter l’oculiste, l’auriste et les deux dentistes qui y viennent lorsqu’on les appelle. Le service est assuré par six religieuses de l’ordre de Saint-Vincent de Paul, par un homme de peine et une servante. Il y a de plus, dans la maison, un aumônier et deux secrétaires. Le conseil de l’œuvre a plus d’une fois appelé l’attention de M. Pallu sur ce luxe de personnel, qui lui semble un peu exagéré.

L’hôpital de Pen-Bron est occupé depuis le 8 septembre 1887. Au 1er août 1888, il avait déjà reçu 106 enfans dont 34 étaient sortis guéris et dont 3 avaient succombé. Ces résultats ne sont pas aussi brillans que ceux qu’on obtient à Berck-sur-Mer ; mais il faut tenir compte de la gravité des cas qui y ont été traités et dont la statistique donne la mesure. « La plupart des enfans inscrits sur ce martyrologe, dit M. Pallu en terminant son exposé, sont de pauvres désespérés qui végétaient, depuis des années, dans les hospices ou dans leurs familles et ne comptaient plus sur leur guérison. La promptitude avec laquelle l’influence du milieu marin se fait sentir sur nos jeunes malades est surtout remarquable. Après une quinzaine de jours, ils sont transformés. Les visages émaciés par la souffrance, décolorés par l’anémie, reprennent une animation et surtout une expression de bien-être qui fait plaisir à voir. »

La douceur du climat permet aux enfans de passer la majeure partie de leur temps sur les plages de sable et de sortir presque tous les jours. Il n’y a que les grandes pluies qui puissent les retenir à la maison. Ils tournent autour des édifices, au gré du vent et du soleil, pour se préserver de l’un et pour jouir de l’autre, tantôt du côté de la lagune, tantôt du côté de la haute mer. Les petits garçons jouent et se démènent, les petites filles se livrent à des distractions plus tranquilles, et les grandes travaillent à l’aiguille, sous la surveillance d’une religieuse.

Les petits malades que leurs infirmités retiennent au lit ont, encore le spectacle de la mer et subissent son influence vivifiante. Au lieu de regarder de grands murs sombres, comme dans les hôpitaux des villes, ils contemplent, par les fenêtres presque toujours ouvertes, les grands horizons changeans devant lesquels les bateaux de pêche défilent lentement. On les fait du reste séjourner le moins possible dans les salles et, lorsqu’ils ne peuvent pas se tenir debout, on les couche dans de petites barques qui s’éloignent du bord, remorquées par un canot. Cette escadrille de berceaux flottans va se balancer sur la lame, au son grave et monotone de la voix de l’aumônier qui leur fait la lecture.

On peut à Pen-Bron prendre des bains de mer, par presque