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derniers jours de sa triste vie à les secourir, elle légua tout ce qu’elle possédait, pour construire au bord de la mer et le plus près possible de la commune de Saubusse où elle était née, un hôpital destiné au traitement des enfans pauvres atteints de scrofule.

Des formalités judiciaires s’opposèrent pendant sept ans à l’exécution de ses dernières volontés. Ce ne fut qu’en 1887 que la première pierre de l’asile put être posée ; mais, grâce à l’intervention du préfet des Landes, il a pu ouvrir ses portes aux petits malades, au mois d’octobre 1889.

Le sanatorium de Sainte-Eugénie s’élève sur la grande plage du cap Breton, entre l’Océan et la lande. Sa façade est tournée vers la mer. A droite, le sable, sans falaises, semble s’étendre à l’infini. A gauche, on aperçoit Bayonne, Biarritz, et plus loin, les côtes d’Espagne. La vue est immense, l’atmosphère pure et balsamique comme à Arcachon. L’édifice se compose d’un bâtiment principal, renfermant les bureaux, et de deux pavillons, l’un pour les garçons, l’autre pour les filles, contenant ensemble quarante lits. On a de plus construit, à côté de l’établissement, une maison divisée en quatre appartemens et destinée à être louée à des familles aisées dont les enfans auront besoin de suivre le traitement marin. Le tout a coûté 230,000 francs.

L’asile est administré par une commission de sept membres, que préside le préfet des Landes. Le personnel comprend un médecin-directeur, un receveur-économe, une institutrice, trois sœurs de charité et quelques employés subalternes. Le décret d’autorisation porte la date du 23 août 1888.


IV

Les fondations précédentes doivent tout à l’initiative privée. Personne n’avait songé à donner à ces efforts isolés la puissance de l’association et les avantages de l’unité, en les plaçant sous l’égide d’une société directrice, lorsque cette idée se présenta à l’esprit de M. Pallu. Pendant que le docteur Armaingaud poursuivait dans le Midi la campagne que j’ai racontée, M. Pallu se livrait avec la même ardeur à une propagande analogue, dans le département de la Loire-Inférieure. Il s’efforçait d’entraîner ses amis et de trouver, avec leur concours, les moyens d’élever sur le littoral un sanatorium dans lequel les petits scrofuleux, avec lesquels ses fonctions le mettaient chaque jour en contact, pourraient venir retrouver la santé.

Obsédé par cette idée, la retournant sans cesse pour l’envisager sous toutes ses faces, il en vint à lui donner des proportions plus larges que celles qu’il lui assignait au début. Son regard, dépassant