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L’année suivante, notre confrère était en mesure de recevoir 50 malades dans son asile improvisé. C’est alors que le docteur Louis Lalanne (de la Teste) lui fit don d’un terrain de 2 hectares plantés de pins, sur le bord du bassin d’Arcachon. De son côté, Mme veuve Engrémy pria la municipalité de consacrer, à la construction d’un des pavillons de l’établissement à venir, un reliquat de 47,000 fr. provenant d’un legs que son mari avait fait à la ville. Ce pavillon, qui porte le nom de la fondatrice, a été inauguré le 9 septembre 1888, mais, comme le fait observer M. Armaingaud, la fondation du sanatorium remonte réellement au 1er avril 1887, époque où il y a réuni et traité ses premiers malades.

L’unique pavillon qui le constitue aujourd’hui est situé à 3 kilomètres d’Arcachon et à 300 mètres de la mer, au milieu d’une forêt de pins qui s’étend jusqu’à Bayonne et qui l’abrite contre les vents froids. Il a 26 mètres de façade sur 11m,50 de profondeur ; il contient 40 lits de malades et 11 pour le personnel en santé. Deux petites constructions ont été élevées à côté. L’une sert de buanderie, d’écurie et de remise, l’autre est un pavillon d’isolement situé à 200 mètres du bâtiment principal. Les 47,000 francs du legs Engrémy ont suffi pour construire et meubler le pavillon, pour faire les remblais et les clôtures du jardin. Le personnel se compose d’un directeur, de deux médecins et de dix personnes pour le service. La journée d’hôpital revient à 2 francs.

Le nombre des enfans traités au sanatorium d’Arcachon en 1889 a été de 155. La durée du séjour a été de trois mois en moyenne. Le nombre des guérisons a atteint la proportion de 80 pour 100. Il n’y a pas eu de décès. L’accroissement de poids, chez les petits malades, a été beaucoup plus considérable qu’il ne l’est d’habitude à cet âge de la vie. Lorsque le sanatorium sera complet, il pourra contenir 200 enfans. Ils seront placés dans d’excellentes conditions. La douceur du climat d’Arcachon est connue de tout le monde. C’est une station d’hiver pour les personnes à poitrine délicate, pour les enfans débiles. Les petits scrofuleux y seront à merveille et jouiront tout à la fois de l’air marin et des émanations balsamiques des bois de pins qui bordent la plage.

Sur cette même côte de l’Océan, mais à une trentaine de lieues plus au sud, s’élève un autre sanatorium, dû comme le précédent à l’initiative privée. C’est l’asile de Sainte-Eugénie, situé au cap Breton, au fond du golfe de Gascogne. Son histoire est bien touchante. Sa fondatrice, Mme Desjobert, restée veuve à trente-deux ans, avait vu mourir successivement ses trois enfans. Demeurée seule au monde, maîtresse d’une fortune d’un million et demi, elle résolut de la consacrer au soulagement des enfans des autres, en souvenir de ceux qu’elle avait perdus. Après avoir passé les