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l’économie tout entière par leur action tonique, en tant que bains froids ; mais ils ont une action plus énergique que ceux de rivière, à cause de la densité de l’eau, du mouvement dont elle est agitée et qui produit une sorte de massage sur les parties qui y sont plongées. Les bains à la lame sont, comme on le sait, plus efficaces que ceux qu’on prend dans l’eau tranquille, et, lorsque la natation vient s’y joindre, c’est l’exercice le plus hygiénique auquel on puisse se livrer, parce que les efforts qu’il nécessite ne s’accompagnent d’aucune déperdition de forces.

Toutefois, dans le traitement de la scrofule, la première place revient à l’atmosphère maritime. Elle convient à toutes les constitutions, à toutes les formes de la maladie, tandis que les bains de mer sont souvent contre-indiqués et nécessitent des précautions minutieuses. L’air de la mer peut se respirer en tout temps, et les bains ne sont possibles que pendant une saison de l’année. En revanche, ils ont, sur certaines manifestations locales, une action bienfaisante que l’air marin ne possède pas.


I

La constatation expérimentale des faits qui précèdent ne remonte pas à plus d’un siècle. C’est en 1750 que R. Russel, après avoir reconnu l’efficacité du traitement marin dans la scrofule, fit connaître le résultat de ses observations dans un livre qui fit sensation en Angleterre. C’est, on le sait, le pays privilégié des maladies de cette nature. Elles y sont si communes, que le roi Charles II, qui prétendait conserver, comme ses prédécesseurs, tous les privilèges des rois de France, et notamment celui de guérir les écrouelles par l’apposition des mains, eut à toucher sept mille cinq cents scrofuleux pendant l’année de sa restauration. La confiance dans cette prérogative royale commençait à s’affaiblir, lorsque R. Russel fit connaître un moyen de traitement moins merveilleux, mais plus efficace.

Il avait remarqué que les populations du bord de la mer, composées de marins et de pêcheurs, étaient moins ravagées par la scrofule que celles de l’intérieur des terres. Il attribua ce privilège à leur genre de vie, à leur existence passée tout entière sur les plages et à l’influence de l’eau de mer, dans laquelle ils étaient à chaque instant plongés. Il pensa qu’on pouvait guérir ou plutôt prévenir la scrofule chez les enfans prédisposés, en les plaçant dans des conditions analogues. C’est aux enfans qu’il faut s’adresser, disait-il, car il ne s’agit pas de guérir, mais de refaire. Plus hygiéniste que médecin, plus confiant dans le pouvoir prophylactique de l’eau de mer que dans sa vertu curative, il aspirait à