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S4’l REVUE DES DEUX MONDES. PIERRE. A quoi cela servirait-il?.. Je l’ai eue, moi, l’occasion. J’en ai vu, j’en ai soigné, des ataxiques... Soigné, pas guéri, tu entends!.. Si tu crois que j’en suis plus avancé! Ah! bien oui!.. Sais-tu ce que j’ai fait, hier? J’ai fouillé dans mes vieilles notes, j’ai cherché dans mes cahiers d’étudiant, s’il n’y avait pas là-dessus quelque leçon d’un de mes professeurs d’autrefois qui pût m’éclairer, me mettre sur la voie... Si cela continue, j’irai voir des somnambules, mon cher!.. Et la voilà, ma science, la voilà, ma connaissance des maladies et des remèdes, des processus et des drogues, et il y a des imbéciles qui viendront là (Montrant ia porte de son cabinet.), dans une heure, me demander de les guérir, sans se douter que je ne suis pas même capable de porter un diagnostic sur mon propre cas, que je me sens malade, que je suis sur de l’être, et que je ne sais pas ce que j’ai! MEYNARD. Sais-tu ce que tu devrais faire ? PIERRE. Quoi donc? MEYNARD. Tu devrais causer un peu avec Benoît. PIERRE. Benoît!.. Ah! çà, est-ce que tu crois à ce farceur-là, par ha- sard? J’ai horreur des spécialistes, moi, d’abord... Ton Benoît n’est qu’un charlatan. MEYNARD. Possible... Mais à l’heure qu’il est, personne en France ne con- naît mieux que lui ces maladies-là... Yois-le donc. PIERRE. II faudra bien que je le voie! Sais-tu qu’il a l’impertinence de se présenter à l’Académie de médecine ? Il fait sa tournée de visites. Je vais le voir arriver un de ces jours... Je la lui donne- rai, ma VOix, je t’en réponds !.. (a ce moment, Jean entre dans le salon et présente à Pierre une carte sur un plateau.) Tiens, qu’eSt-Ce que je te disais ? Le voici. MEYNARD. Je me sauve... Je t’en prie, Pierre, parle-lui!