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les droits d’entrée vont-ils être relevés de ce chef de 25 cents à 30 cents par boîte, malgré les vives doléances que les importateurs de New-York et de Philadelphie viennent d’apporter à Washington contre le bill Mac-Kinley.

Cette branche agricole prend, en effet, un grand développement dans les États du Sud. Les plus grandes plantations sont de 250 acres. En moyenne, le nombre d’arbres par acre est de 70 : on trouve cependant les orangers sauvages jusqu’au nombre de 400 par acre. La dernière récolte y a été des plus satisfaisantes, et le prix est rémunérateur, malgré les frais causés par l’emballage et le fret intérieur et extérieur, qui coûtent environ 40 cents par boîte de 100 oranges. Le fret pour Liverpool est de 70 cents : le taux à l’intérieur, de la Floride à Jacksonville ou à Chicago, varie entre 20 cents et 70 cents par caisse. Ces arbres fruitiers ont deux ennemis acharnés : l’insecte à écailles, scale insect, et le pou d’écorce, vark lice, qu’on peut combattre efficacement par une émulsion de savon et d’huile de baleine. Le chiffre approximatif de la production générale se balance, dans les bonnes saisons, entre 2millions et 2 millions et demi de caisses. Les fruits ordinaires importés aux États-Unis coûtent annuellement aux consommateurs 16 millions de dollars, grevés en sus de 5 millions de droits d’entrées.

Quant aux bananes, qui proviennent pour la plus grande part de la Colombie, et dont l’importation s’élève à la grosse somme de 3millions de dollars, M. Rusk en réclame énergiquement, près du Congrès, une taxation fort élevée. « Plantons-en, ou n’en mangeons plus. » Telle est sa formule radicale. Il n’en est pas de même de la vigne qui, en ces derniers temps, a pris une très forte extension. Les vins de la Californie et de l’état de New-York sont déjà recherchés : le vin de Champagne californien, mousseux et sucré, fait une certaine concurrence, eu égard à l’énorme différence de prix, à nos grandes importations de Reims. Sur quelques autres territoires on trouve encore des vignobles qui sont exploités surtout pour la table ou dont les crus ne résistent pas encore aux essais d’une fabrication défectueuse.

Nous terminerons cet aperçu par la pomme de terre : supérieure en volume à celle de France, mais d’une saveur inférieure, elle n’a pas de débouchés faciles, même à l’intérieur. Le transport vers des marchés presque toujours lointains des exploitations rurales, les prix excessifs qui la grèvent sur les voies ferrées, où les tarifs sont laissés à l’arbitraire des compagnies, l’immobilisent presque au lieu de production. Le relèvement de droits, projeté aussi sur les importations de cette plante farineuse, ne suffira pas à lui redonner un prix rémunérateur. En effet, pour peu qu’un fermier