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NI DIEU NI MAITRE. 815 FAVREUIL, soupirant. Ah ! je ne le plains pas, l’heureux coquin... Je voudrais bien être à sa place... ADRIENNE. Vous n’aviez qu’à le dire, quand il en était temps... M’est avis qu’il est un peu tard aujourd’hui. FAVREUIL, même jeu. Eh! oui... Je ne m’en consolerai jamais. ADRIENNE, riant. Vous !.. Allons donc !.. Mais ne vous attendrissez pas, je vous en prie! De l’eau dans votre Pontet-Canet, c’est un meurtre... Vous allez le voir tout à l’heure, mon futur seigneur et maître ; vous me direz l’impression qu’il aura laite sur vous... FAVREUIL. Ah ! il doit venir ce soir? ADRIENNE. Naturellement, puisqu’il a accompagné mon père au banquet... Vous pensez bien qu’il n’aurait pas voulu, ce garçon, perdre une si bonne occasion d’entrer en rapports avec un tas de gros bon- nets du métier, qui pourront l’aider à se faire une clientèle dans quelques mois. FAVREUIL. Ah!.. Il a le sens utilitaire, à ce que je vois, M. Valmeyr. ADRIENNE. Parfaitement... Et je l’en félicite... C’est ce que j’aime le plus en lui. FAVREUIL, rêveur. Ah! vraiment... Alors, c’est surtout un mariage de raison que vous faites, n’est-ce pas? ADRIENNE. Oh! mon Dieu, oui... FAVREUIL, pénétré. A la bonne heure!.. Ces mariages-là sont les meilleurs, les plus solides, les plus sûrs...