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NI DIEU NI MAITRE. 805 THÉI1ÈSE. Quoi! C’est vous, mon bon ami? Que je suis heureuse!.. On vous voit si rarement... Mais comment se fait-il? Vous n’êtes donc pas au banquet de Pierre? MEYNARD. Y pensez-vous, chère amie? Un obscur médecin consultant de ville d’eaux parmi tous ces maîtres?.. Et puis, s’il faut tout vous dire, le père Garnier taisait ce soir une conférence à Notre-Dame, et je tenais à y assister... Mademoiselle Jauzon, je vous supplie de ne pas trop me mépriser pour cela. MADEMOISELLE JAUZON, dédaigneuse. Je n’aurais garde, monsieur... Tous les goûts sont libres. THERESE. Et quel était le sujet de cette conférence? MEYNARD. La conciliation de la science et du dogme... Un beau rêve, comme vous voyez!.. Ah! si je pouvais accepter sans réserve tout ce qu’on nous a dit là-dessus ce soir! THÉRÈSE. Pourquoi ne l’accepteriez-vous pas ? MEYNARD. Ah! pourquoi?.. Je ne suis pas un croyant comme vous, moi, hélas! Je suis un ci-devant libre penseur, que ses confrères ont dégoûté de la libre pensée et qui cherche autre chose, voilà tout!.. THÉRÈSE. Cherchez et vous trouverez, mon ami... J’aurais donné beaucoup pour l’entendre, cette conférence, et surtout pour la faire entendre à mon mari... MEYNARD. Nogaret! le docteur Nogaret à l’église!.. Vous n’y pensez pas! Il en ferait une maladie, le cher homme... (a m 11c jauzon.) N’est-ce pas, mademoiselle? MADEMOISELLE JAUZON, sèchement. Je l’espère pour lui, monsieur.