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bière en tonneaux, les provisions de toutes sortes ; la cuisine se fait au gaz ; un ascenseur monte les plats au réfectoire du premier ; une glacière fonctionne, non loin de là.

Mais l’administration ne s’est pas bornée à mettre à la disposition des marins une installation matérielle commode et sûre ; elle a cherché à les soustraire, autant que possible, à la tentation du cabaret, à la mauvaise fréquentation, aux dépenses qui en résultent. On trouve la trace de cette préoccupation dans la création, au Sailors’ home, d’une véritable caisse d’épargne (Savings’ bank), qui reçoit des dépôts portant intérêt à 2 pour 100 et accorde au titulaire du livret la faculté de retirer ses fonds, sans avis préalable, dans un port quelconque du royaume-uni. En 1888, les pensionnaires de l’hôtel ont largement profité des facilités qui leur étaient ainsi accordées ; ils ont versé à l’établissement une somme de 790,000 francs. La plus grande partie de cet argent a été transmise, par les soins de la caisse, aux femmes, aux parens des déposans, ou à ces derniers, soit à l’étranger, soit dans d’autres villes d’Angleterre. Le reste a été retiré par les marins eux-mêmes, au fur et à mesure de leurs besoins.

C’est à la suite d’un meeting tenu à Liverpool, en 1844, par les principaux négocians et armateurs de la ville, que la construction d’un Sailors’ home fut décidée. A peine le comité était-il formé, les souscriptions affluaient. En quelques semaines, on réunissait une somme de 350,000 francs, et les travaux commençaient immédiatement. En décembre 1852, l’hôtel des marins était officiellement inauguré, il avait coûté près d’un million. Les règlemens et les tarifs arrêtés à cette époque sont toujours restés en vigueur ; ils fixent le prix du séjour à 22 francs par semaine pour les officiers, à 20 francs pour les matelots, à 16 fr. 80 pour les apprentis et les novices. A minuit les portes ferment, pour ne s’ouvrir que le lendemain matin à six heures.

Le titre de « gouverneur à vie » a été attribué à cent sept personnes ayant apporté au fonds social un don de 100 livres sterling. Deux cent quarante-deux souscripteurs de 25 livres ont reçu la qualification de membres perpétuels. Le capital de l’association se composerait donc de 16,780 livres, soit 420,000 francs, si on ne prenait pour base de ce calcul que le versement minimum des gouverneurs et des membres. Mais ces chiffres sont bien au-dessous de la réalité. De hautes notabilités commerciales se sont inscrites pour 1,000 livres sur le livre d’or des fondateurs. Enfin, il faudrait encore tenir compte, pour l’évaluation des recettes, du montant des cotisations annuelles. On ne risquerait pas de se tromper en estimant à plus de 300,000 francs le revenu du Sailors’ home