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produit de durable et de bienfaisant l’initiative privée et l’esprit d’entreprise du peuple anglais.

Prenons, pour commencer, l’importante société des négocians en grains de Liverpool. On sait qu’avec le coton, les céréales constituent l’un des plus vastes trafics de cette place de commerce. L’article 101 des statuts de la compagnie porte que ses revenus, de quelque source qu’ils proviennent, ne seront appliqués qu’à étendre et à développer l’influence de la corporation ; aucune partie n’en fera retour aux membres, que ce soit sous forme de dividendes ou autrement. Voilà donc une association qui n’a pour objet que de protéger les intérêts généraux d’une collectivité d’hommes d’affaires ; elle s’interdit tout profit, et c’est la communauté tout entière qu’elle fera bénéficier de ses efforts et de ses progrès. De quelle manière ? En consacrant les forces et les ressources qu’elle possède à soutenir ou à combattre toute mesure législative qui serait de nature à améliorer ou à affecter la prospérité du commerce des céréales ; en établissant un tribunal arbitral pour le règlement à l’amiable des différends qui viendraient à s’élever entre les négocians de même classe ; en répandant dans le monde entier les renseignemens statistiques les plus abondans et les plus variés ; en se mettant en rapport avec les chambres de commerce, en provoquant, de concert avec ces assemblées, les mesures les plus propres à favoriser le commerce des grains. Arrêtons-nous là ; une plus longue énumération risquerait de paraître fastidieuse. Bornons-nous à ajouter que le côté charitable est rarement oublié en Angleterre et que l’association a créé un fonds de secours destiné à subvenir aux besoins de ceux de ses membres que des infortunes commerciales ont réduits à l’indigence. Telle est cette compagnie, dont les décisions font loi, dont les arrêts sont respectés ; elle compte parmi les plus considérables du pays. Loin d’entraver l’action des pouvoirs publics, elle les a plus d’une fois éclairés des conseils de son expérience.

Passons à une corporation maritime. Il s’est fondé, en 1857, à Liverpool, une société dont le but est de venir en aide au commerce et de diminuer ses pertes dans les cas d’avaries, d’échouage ou de perte de navires. C’est une véritable administration, mais qui ne travaille, comme la précédente, que dans l’intérêt d’une collectivité. Des traitemens importans sont alloués à toute une catégorie d’officiers expérimentés chargés de se rendre sur le lieu du sinistre, d’examiner la position du bâtiment en danger. La société a fait construire, sur les bords de la Mersey, un immeuble d’environ trente mètres de façade qui contient tout son matériel de sauvetage. Là se trouve le dépôt des pompes à vapeur, des guindeaux, des scaphandres. A côté, les fanaux, les lampes puissantes et tout