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appris qu’une insurrection avait éclaté contre le président en exercice, M. Celman, que la guerre civile ensanglantait les rues de la ville, que les troupes insurrectionnelles gagnaient du terrain, que déjà la marine et l’artillerie avaient pris fait et cause pour l’insurrection, et que celle-ci était à peu près victorieuse, M. Celman ayant dû prendre la fuite.

La chute du président actuel sera peut-être un bien pour les finances argentines : on rendait en effet le premier magistrat de la république responsable de toutes les fautes commises, de tous les désastres menaçans. Quoi qu’il en soit, l’insurrection ne pouvant édifier aucun gouvernement régulier sur les ruines de celui qu’elle renverse, la crise actuelle ne pouvait être que funeste au point de vue de la tenue des cours des valeurs argentines. Le 5 pour 100 a perdu le prix de 400 fr., et oscille entre 375 et 395. L’obligation de la Compagnie française des chemins argentins a fléchi à 375. Les 6 pour 100 des provinces se tiennent assez péniblement au-dessus de 300 francs.

La souscription publique à l’emprunt de la Daïra-Sanieh nouvelle, pour la conversion ou le remboursement de l’ancien Daïra, opération dont la Banque de Paris et des Pays-Bas avait pris charge, n’a que médiocrement réussi. Elle s’est heurtée au début à de puissantes hostilités. En outre, le type du nouveau titre, 500 francs, rapportant 20 francs par an, émis au pair, sans plus-value possible, n’était guère attrayant.

Le Crédit lyonnais, le Crédit industriel et la Société lyonnaise ont été moins heureux encore avec les cent mille obligations de la Compagnie des chemins de fer portugais, offertes au public le 23 juillet. La souscription n’a été que partiellement couverte. Le produit de l’emprunt était destiné, pour un tiers, à la conversion d’anciennes obligations 4 1/2 pour 100, et pour le reste à l’achèvement des lignes en construction. Les résultats sont à peine suffisans, de l’aveu même des banquiers émetteurs, pour assurer l’achèvement des travaux.

On annonce l’émission, dans un délai très court, en Angleterre et en Allemagne, d’un emprunt mexicain 6 pour 100, au montant de 6 millions de livres sterling, contracté à 89 pour 100 par un groupe financier composé de la maison Gibbs à Londres, de la Banque nationale du Mexique et de la maison Bleichroeder de Berlin.

Les titres des sociétés de crédit ont peu varié de cours. La Banque de Paris a fléchi de 813 à 806, le Crédit lyonnais s’est avancé de 748 à 755, le Crédit foncier de 1,238 à 1,245.

Les actions de nos grandes compagnies ont monté de 15 francs, en moyenne, pendant la seconde moitié de juillet.

Les valeurs industrielles sont sans changement. Le Rio-Tinto a reculé de 590 à 572.50.


Le directeur-général : C. BULOZ.