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de 93.12 avait été porté, par un élan aussi brusque que celui de la rente française, à 94.35, a été ramené à 93.65. Les fonds russes se sont assez bien tenus, mais le Hongrois a perdu le cours de 89, un instant reconquis, et les valeurs turques ont été de nouveau arrêtées dans leurs velléités d’amélioration.

Le recul de l’Italien n’a rien qui doive surprendre dans l’état actuel économique et financier de la Péninsule. La loi instituant le Crédit foncier a été promulguée, mais il s’agit maintenant de franchir les difficultés du passage à l’exécution. Le marché de Berlin s’est notablement refroidi à l’égard des valeurs italiennes. La dernière émission des obligations de chemins de fer de la Méditerranée a été un insuccès. Les titres de rente italienne, à peine négociés à Berlin, sont renvoyés dans la péninsule. Les places allemandes sont donc saturées, et c’est ailleurs que le gouvernement de Rome doit chercher des concours. La Tribuna affirme cependant qu’un nouveau groupe berlinois a offert de prendre pour 8 millions d’actions de l’institut foncier, mais ce groupe serait représenté par une banque d’importance secondaire. C’est une médiocre garantie pour le placement de 50 millions d’actions et de 200 millions de lires en obligations.

Le cabinet italien a fait démentir toute intention de rétablissement de l’affidavit. Ce démenti est en quelque sorte commandé par l’état du change de plus en plus défavorable pour l’Italie. Ce pays consomme plus qu’il ne produit ; les cinq premiers mois de l’année présentent une augmentation de 43 millions sur les importations et une diminution de 40 millions sur les exportations ; l’exportation des vins a diminué de 28 millions, celle des soies de 26. Ce sont là des constatations déplorables pour l’avenir financier du royaume, l’Italie ne pouvant trouver dans le produit de ses exportations l’or nécessaire pour le service de sa dette.

L’Extérieure a dépassé 75, atteint 75 1/2 et est revenue à 75 1/8. Les grèves se multipliant à Barcelone et dans plusieurs autres villes du nord-est, la Banque d’Espagne se débattant contre des difficultés presque insurmontables, une nouvelle administration s’installant au pouvoir et cherchant sa voie au milieu des écueils, voilà le tableau que présente la Péninsule ibérique. Cependant les cours de la rente se maintiennent à cause de l’attrait du revenu élevé qu’elle offre, et il est probable qu’à moins d’événemens imprévus dans le reste de l’Europe, les choses resteront ainsi jusqu’à ce que, au printemps de 1891, les nouvelles chambres aient autorisé une opération d’ensemble pour la consolidation de la dette flottante et la liquidation des déficits successifs des dernières années.

Depuis près de quinze jours les télégrammes de Buenos-Ayres représentaient le marché de cette ville comme atteint d’une panique qui semblait augmenter d’intensité à chaque dépêche nouvelle. On a enfin