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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le 15 juillet la rente 3 pour 100 était cotée 91.52, l’Amortissable 93.85, le 4 1/2 106.85. Le marché de nos deux rentes 3 pour 100 était en pleine reprise, sous l’action de nombreux rachats du découvert qui s’était formé au commencement du mois, rachats motivés eux-mêmes par l’importance du concours qu’ont apporté au marché les capitaux provenant des paiemens de coupons et de dividendes.

La hausse qui a résulté de cette nouvelle situation de place, analogue à celle qui, le mois précédent, avait porté la rente 3 pour 100 à 93 francs, coupon détaché, ne nous semble pas, il faut l’avouer, de très bon aloi. Elle est faite principalement par une spéculation qui vise à l’établissement de hauts cours pour que des ventes sérieuses puissent s’opérer avec plus de facilité et surtout laissent d’importans bénéfices aux banquiers qui auront su les effectuer en temps opportun. Le mouvement est, il est vrai, secondé par l’afflux des capitaux disponibles que n’effraient pas les cours élevés de nos fonds publics, et qui redoutent au contraire les aventures où sont entraînés les placemens en valeurs argentines ou brésiliennes et même les capitaux engagés dans des valeurs étrangères comme le Turc, l’Italien et l’Extérieure.

C’est donc la faveur de plus en plus marquée que les petits capitalistes manifestent pour notre rente nationale, à la suite de tant de mécomptes accumulés depuis plusieurs années dans les autres placemens, qui explique le relèvement auquel nous venons d’assister depuis le commencement de juillet. Le 3 pour 100, en effet, compensé à 91.30 le 1er du mois, a été porté vendredi dernier jusqu’à 92.95. L’amortissable, compensé à 93.40, a valu 94.95 le même jour. Le 4 1/2 lui-même s’est avancé de 106.85 à 107.35.

Ces cours extrêmes n’ont pu être maintenus. Ils étaient en contradiction flagrante avec les inquiétudes assez sérieuses que ne peut manquer de suggérer l’état politique actuel de l’Europe. Des difficultés et des tiraillemens de toute sorte au milieu desquels se poursuivent, à la chambre et au sénat, les débats relatifs à la loi sur les contributions directes et à la nouvelle législation des sucres, le marché n’est nullement disposé à concevoir le moindre souci. Un peu plus tôt, un peu plus tard, les deux lois, même tronquées ou transformées par une série d’amendemens victorieux, finiront bien par être votées, et le