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Le répertoire d’Eugène Labiche en fera-t-il un jour partie, de ce commun héritage ? J’espère bien que non. — pas plus que celui de Picard, par exemple, ou de Duvert et Lauzanne, à qui leurs contemporains attribuaient, eux aussi, toutes les qualités que l’on célèbre encore dans le Voyage de Monsieur Perrichon ou dans la Sensitive. Vienne seulement un autre Labiche, et le nôtre ira rejoindre dans l’oubli ceux qu’il avait lui-même fait oublier ! Tel est le sort des amuseurs :


Le flux les apporta, le reflux les remporte.


Quoi de plus naturel, et de plus juste surtout, si, comme Eugène Labiche, et comme les vaudevillistes, en général, ils n’ont guère fait qu’employer les moyens de l’art à la dérision de l’art même ? Hélas ! on ne peut pas seulement accorder à Labiche le mérite si mince d’avoir « peint les mœurs de son temps ; » et il nous manquerait tout entier qu’il ne nous manquerait que quelques occasions de rire, — ce qui se retrouve encore aisément.

Si peut-être ces choses étaient bonnes, ou du moins n’étaient pas inutiles à dire, ni surtout inopportunes, on nous pardonnera d’en avoir saisi l’occasion qui s’offrait, plutôt que d’analyser trois actes que tout le monde peut lire. Pourquoi parler des Petits oiseaux ? Le style en est étrange autant que le sujet, et certaines scènes en sont comiques, sans doute, mais non pas, je crois, de la manière que l’auteur l’eût voulu. Si le public s’en aperçoit, et surtout, — car il faut compter avec notre habituelle insouciance, — s’il témoigne qu’il s’en aperçoit, j’ai dit, et je répète que je n’en regretterai pas l’épreuve. Veuillent seulement les dieux qu’on ne s’avise point de préparer une revanche à l’auteur, et que la reprise des Petits oiseaux ne soit pas suivie d’une reprise du Voyage de M. Perrichon ! Car, en vérité, nous n’avons pas besoin qu’on mette un vaudeville de plus au répertoire du Théâtre-Français, et nous demanderions plutôt qu’on en rayât pour toujours quelques-uns de ceux qui, j’en ai peur, y figurent encore : le Testament de César Girodot, Oscar ou le Mari qui trompe sa femme, et le Voyage à Dieppe