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REVUE DRAMATIQUE

Comédie-Française. — Les Petits oiseaux, comédie en 3 trois actes, d’Eugène Labiche.


Rien ne manque à sa gloire, il manquait à la leur !


Comme je ne crois pas, en effet, que ce soit pour la « rentrée » de Mlle Persoons, ou pour les « débuts » de M. Coquelin cadet, que la Comédie-Française ait eu la singulière idée d’emprunter les Petits oiseaux au répertoire de l’ancien Vaudeville, il faut donc que ce soit pour honorer la mémoire de Labiche ; — et je n’ai garde de le lui reprocher ! Même, je serais tenté de l’en féliciter : je veux dire, si j’étais assuré qu’elle s’en tiendra là. Oui, puisqu’on ne saurait rien imaginer de plus niaisement sentimental que les Petits oiseaux, il ne me déplairait pas qu’on jugeât Eugène Labiche sur cette berquinade, qui fait autant d’honneur à son « bon cœur » qu’elle en fait peu à son esprit. J’aimerais qu’on y cherchât, sans les y pouvoir trouver, quelques traits de sa gaîté trop vantée. Et ma joie serait au comble si c’étaient ces Petits oiseaux qui dussent porter sur leurs ailes, jusqu’à la postérité la plus reculée, le nom de celui que l’un de ses collaborateurs appelait : « Notre premier producteur de gaz exhilarant. »

Mais je n’ose me flatter de cette espérance. Si les Petits oiseaux ont paru l’autre soir fort au-dessous de ce que le public attendait de Labiche, — fort au-dessous d’Oscar, le mari qui trompe sa femme, ou du Voyage à Dieppe, — je prévois que l’on s’en prendra moins à Labiche