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à 5 cents (centièmes de dollar) la livre de papier : c’est un petit casuel courant et très accepté.

Le personnel central du département de l’agriculture varie entre quatre cent cinquante et cinq cents employés. Un grand nombre de femmes et de jeunes filles y est admis, après examens quelquefois entachés de favoritisme. La connaissance de deux langues, de la sténographie et du type writer[1], en sus d’une certaine instruction, est requise. Chaque directeur ou chef de bureau est assisté, dans son cabinet, d’une de ces employées féminines. Étant données l’éducation et les mœurs américaines, ainsi que les conséquences légales d’une galanterie imprudente, les inconvéniens de cette cohabitation journalière avec le sexe faible sont, il faut le reconnaître, très rares. Les appointemens annuels et très enviables de ces travailleuses s’élèvent jusqu’à 4,000 francs par an : le même système est en vigueur dans tous les ministères à Washington. En nul autre pays civilisé, la femme ne trouve autant de moyens de travail honorable et rétribué, même dans le commerce et dans l’industrie, sans qu’il s’ensuive pour elle aucune déchéance sociale.

Séparé des autres ministères, qui sont groupés à Washington autour de la Maison-Blanche, le department of agriculture jouit d’un édifice particulier, style néo-gothique, à onze fenêtres de façade, dominant de ses terrasses circulaires, tout agrémentées d’arbres et de fleurs exotiques, les rives du petit bras du Potomac. Situé au bas de la capitale fédérale, à l’extrémité de la treizième rue et dans la région des promenades publiques, cet édifice se dresse au milieu d’un petit parc de très agréable aspect. Sur ses flancs se développent, à droite, des serres destinées à l’acclimatation des plantes étrangères, bananiers et ananas surtout. Plus loin, un pavillon de cristal, venu de Paris à Washington, souvenir de notre exposition internationale de 1878, qui renferma à cette époque la riche collection des céréales des États-Unis, aujourd’hui petit palais d’entomologie. Sur la gauche du ministère, où nul n’a sa demeure que le gardien, on trouve un établissement modèle de sériciculture où se pratiquent uniquement l’élevage du ver à soie et le dévidage du cocon, après lente préparation, sur de merveilleuses machines ; enfin, un magasin réservé à la réception et à la distribution de toutes graines et plantes propres au développement de la colonisation.

Dans les sous-sols de l’hôtel central est installé un cabinet de chimie dont les odeurs empestent les bureaux, exposés à sauter

  1. Clavier à impression, reproduisant les lettres de l’alphabet et les chiffres, et mis en mouvement comme la machine à coudre par l’opérateur.