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l’expérience acquise, et par l’étude des commissions d’enquête. Car cette question vitale n’est pas nouvelle pour le congrès : elle remonte déjà à plusieurs années.


I. — DEPARTMENT OF AGRICULTURE.

Le mal profond dont souffre à cette heure l’agriculture américaine ne saurait être imputé à la direction actuelle du ministère fédéral de l’agriculture. Car les origines en sont déjà vieilles, et les causes, que nous indiquerons ultérieurement, en sont multiples.

On peut affirmer au contraire que le department of agriculture, de très récente création, s’est placé du premier coup à hauteur de sa tâche, tant par son organisation que par son personnel. A la tête de ce département, dont le similaire existe dans tous les grands pays, sauf en Russie, se trouve un secrétaire (ministre), nommé directement par le président des États-Unis. Ce fut M. J.-M. Rusk qui fut appelé à ce poste après le dernier triomphe du parti républicain.

L’histoire de M. Rusk offre toute la saveur du terroir comme du tempérament américain. Né en 1830, dans l’état d’Ohio, fils de petit cultivateur, il a passé sa jeunesse dans le rude apprentissage de la terre. Simple laboureur, il mania la charrue et faucha la moisson à la sueur de son front : aucune machine agricole à la vapeur n’existait encore. Plus tard, il devint conducteur de la diligence publique (stage-coach).

Grâce à sa connaissance et à son amour du cheval, il parvient à amasser un léger pécule, qui prospère par son infatigable et honnête activité. La guerre de sécession le surprend au milieu de sa vie rurale, jouissant déjà d’une grosse popularité au sein des classes agricoles, qui lui décernent, dès le début de la campagne contre le Sud, le grade de lieutenant-colonel. Aussi vaillant que doué d’énergie, il rapporte dans ses loyers les étoiles de général-brigadier. Il retourne à la terre, se fixe sur un domaine de 200 hectares qu’il achète et qu’il cultive lui-même dans le Wisconsin.

Depuis cette époque, grâce à la confiance qu’il a su inspirer aux fermiers, la fortune politique n’a cessé de lui sourire. Élu député en trois congrès consécutifs, nommé gouverneur du Wisconsin, ses concitoyens le proposent plus tard parmi les candidats à la présidence de la république, durant la convention nationale de Chicago, où il s’efface devant le président actuel, M. Harrison. Aussitôt la déroute du parti démocrate consommée, une part dans le nouveau cabinet est faite à l’Ouest, en sa personne et en celle de