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réduction de ce chapitre, tout en reconnaissant, comme il le fait, qu’il appartiendrait bien mieux aux actionnaires de mettre le holà s’ils s’apercevaient qu’on dépense leur argent sans utilité.

C’est eux, en effet, qui paient en fin de compte, et non les emprunteurs, comme pourrait le faire supposer l’impression laissée par les rapports de l’inspection des finances et de M. Rouvier sur ce point. Que l’on nous excuse d’entrer ici dans une explication un peu technique, elle a son intérêt. Le Crédit foncier a en effet imputé au compte de prix de revient des emprunts ses frais de publicité, et chaque année le prix de revient du dernier emprunt s’est trouvé un peu relevé. Mais il importe de remarquer que le taux d’intérêt des prêts est resté pendant ce temps immobile. Prenons l’année 1885. Le prix de revient de l’emprunt est établi à 4.30 pour 100. Le Crédit foncier, ayant le droit de prélever 0.60 pour 100 comme bénéfice, pouvait établir à 4.90 pour 100 le taux d’intérêt des prêts. Il l’a fixé à 5 centimes au-dessous, à 4.85. Depuis 1885, chaque année le prix de revient de l’emprunt, par suite de l’attribution des frais de publicité, s’est légèrement accru jusqu’à atteindre 4.42 pour 100. Le taux d’intérêt des prêts est toujours de 4.85 pour 100, et le bénéfice n’est plus fourni que par un écart de 0.47 pour 100 au lieu de l’écart légitime de 0.60. Qui paie donc cette différence, c’est-à-dire l’équivalent de tous les frais de publicité, sinon l’actionnaire ? Seulement, au lieu de les payer en bloc chaque année, il n’en paie que l’annuité. Il nous semble qu’il n’y aurait, en effet, aucun inconvénient et qu’il y aurait au contraire de sérieux avantages à ce que l’administration du Crédit foncier en revînt au premier système, plus simple, et qui incite plus à l’économie.

C’est à peine si on a reproché au gouvernement du Crédit foncier certaines opérations que ses statuts ne l’autorisaient assurément pas explicitement à entreprendre, c’est-à-dire ces émissions d’obligations et de bons à lots pour les colons algériens victimes de l’invasion des sauterelles, pour le salut de quelques loteries françaises en détresse, pour des associations de la presse parisienne qui avaient besoin de se constituer un capital sérieux dès leur formation, enfin pour l’Exposition de 1889. Il n’y a pas une de ces opérations qui ne soit en elle-même, ou par son but charitable et utilitaire, absolument justifiable. Le Crédit foncier, dans chaque cas, a rendu un service signalé à des intérêts particuliers très respectables. Les fonds provenant de ces opérations et laissés au Crédit foncier pour le paiement des lots et la reconstitution des capitaux de remboursement sont employés en prêts communaux. Il s’agit d’une somme totale relativement minime, 26 millions. En dépit de