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la dette-obligations. Il se divise lui-même en deux parties, dont l’une, de 48 millions, a pour objet de garantir la régularité de l’amortissement, et l’autre, de 52 millions, de parer aux besoins des remboursemens anticipés. Ce fonds présente cette singularité heureuse, qu’il s’accroît automatiquement chaque année du montant des intérêts qu’il produit. Naguère le taux de ces intérêts était fixé à 4.22 pour 100 ; ce qui veut dire que, si l’emploi auquel étaient affectés ces 52 millions ne produisait pas 4.22 pour 100, le compte de profits et pertes comblait la différence. Le gouvernement du Crédit foncier pensa que désormais un accroissement du taux de 3.50 pour 100 par an serait suffisant pour toutes les éventualités. Les inspecteurs des finances ont insisté sur cette différence d’intérêt, et M. Rouvier, à son tour, a réclamé du gouverneur du Crédit foncier le rétablissement du taux de 4.22 pour 100. Ce n’est assurément pas là une mesure qui sauverait l’institution si elle était en péril. Mais elle n’a nul besoin d’être sauvée, et la petite réforme recommandée ne pourra que lui être salutaire en renforçant encore sa réserve des emprunts, fût-ce au prix d’un léger prélèvement sur le dividende.

Les réserves proprement dites se composent de quatre élémens : la réserve statutaire, qui s’arrondit régulièrement chaque année ; elle était de 10 millions il y a dix ans, elle est aujourd’hui de 17,121,703 francs depuis l’attribution de près de 700,000 francs faite par la dernière assemblée générale ; la provision pour le risque des prêts, 10 millions ; les provisions pour créances douteuses, 11,275,000 francs ; enfin les réserves sans affectation spéciale, 17,923,000 francs, terme assez inexact, puisque dans ce chiffre, qui est un total, on trouve la réserve immobilière destinée à amortir la valeur de l’hôtel de la banque en trente ans, et deux ou trois autres articles ayant une destination aussi précise. Quoi qu’il en soit, ces quatre élémens des réserves composent un total de 56 millions de francs, qui, réunis aux 170,500,000 francs du capital social, aux 100 millions de la provision pour l’amortissement des emprunts et aux 87 millions de dépôts, produisent un total général de 414 millions de capitaux disponibles, dont 327, si on en déduit les dépôts, sont un véritable fonds de garantie pour les obligations.

Que fait le Crédit foncier de cette somme ? Une légende, que l’on raconte volontiers sous les colonnes de la Bourse, veut que ces 414 millions aient servi à, faire la pluie et le beau temps sur le marché de Paris, non pas seulement au gré et pour les intérêts de la maison de la place Vendôme, mais encore au gré des potentats qui se sont succédé au ministère des finances. Nous le répétons,