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provisions diverses qui ont pour objet de garantir l’amortissement des emprunts, et de bonifier ces provisions d’un taux d’intérêt plus élevé, afin d’assurer leur accroissement plus rapide. Les dépenses de publicité faites dans ces dernières années ont été exagérées ; elles devront être réduites dans une forte proportion et imputées au compte de profits et pertes, toutes les fois qu’elles ne s’appliquent pas à des émissions en cours. Et puis ? Plus rien. C’est pour en arriver à cette petite leçon de bonne et honnête comptabilité donnée en quelques lignes, que l’on a représenté le Crédit foncier comme conduit à deux doigts de sa perte, que l’on a fait trembler pendant quelques jours des milliers de petits obligataires sur la solidité de leurs titres, que l’on a infligé jusqu’à 120 francs de baisse aux actions pendant deux ou trois Bourses, que des articles d’une véhémence insolite ont entretenu l’agitation pendant une série de semaines ; que la chambre a été, à deux reprises, détournée de ses occupations, que des bruits de crise ministérielle ont couru, que trois inspecteurs des finances ont reçu commission de porter une lumière impitoyable dans les mystères du Crédit foncier, et que cette lumière a finalement brillé dans douze colonnes du Journal officiel.


I

Aujourd’hui que l’incident est clos, nous voulons rechercher quel enseignement on en peut tirer sur les points suivans : la sécurité des obligations a-t-elle couru un risque ? Peut-elle être compromise à un degré quelconque ? Le crédit dont jouissent ces titres est-il aussi élevé que le comporterait leur sécurité absolue, nettement démontrée ?

Nous nous en rapporterons d’abord au ministre lui-même, éclairé par le rapport des inspecteurs chargés de l’enquête : « Des investigations auxquelles se sont livrés les inspecteurs, écrit-il au président de la république, il ressort, en premier lieu, que la masse des prêts effectués par le Crédit foncier est bien gagée et que la situation de l’établissement, considérée dans son ensemble, justifie la confiance dont il jouit. » Voilà qui est net et franc. Le ministre ajoute bien que certaines évaluations d’immeubles ont été jugées excessives et que la crise immobilière n’a pas été sans exercer sur les recouvre-mens d’annuités une certaine influence ; mais « ni cette crise, qui s’atténue d’ailleurs, ni les irrégularités qui ont pu être relevées dans le service des prêts, n’ont eu pour conséquence de compromettre le gage des obligataires. » Le ministre insiste : « C’est là, on peut le dire, la constatation essentielle de l’enquête. »