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avoir duré plusieurs semaines, ont trompé cette attente d’une partie de l’opinion, de celle qui se plaît aux émotions vives, aux incidens dramatiques. L’enquête a porté sur tous les points de la gestion du Crédit foncier ; elle n’a rien laissé qui n’ait été examiné en détail, scruté avec minutie. Elle a inspiré un rapport dont le ton est sévère, presque mécontent ; mais elle n’a pas apporté la découverte attendue. Les inspecteurs n’ont relevé que ce que le ministre a appelé lui-même des « irrégularités. » Leur rapport a, en outre, provoqué une maîtresse réponse du gouverneur du Crédit foncier, mis personnellement en cause et qui se sentait fort de l’appui du conseil d’administration unanime. Le ministre des finances, assez embarrassé entre ces deux documens, a pris le sage parti de les publier intégralement, en dépit des traditions administratives, et de dire ainsi au public : Et nunc erudimini ! et maintenant, instruisez-vous vous-mêmes ! Lisez ce rapport et cette réponse. Voyez et comparez. Je vous donne le poison et l’antidote. Ce qui paraîtrait grave ici est expliqué là. Si vous avez le courage de tout lire, actionnaires et obligataires du Crédit foncier, vous reconnaîtrez sans peine que tout cela ne valait pas le tumulte qui a été fait et que vous pouvez dormir tranquilles, dans une légitime confiance en l’excellence du placement où vous avez engagé vos capitaux.

Cette publication a été, de la part du ministre, un coup d’habileté. On en peut dire autant de son propre rapport au président de la république et de la lettre dans laquelle il a adressé au gouverneur du Crédit foncier des recommandations sur la conduite à tenir désormais en certains points qui avaient appelé plus spécialement les observations des inspecteurs des finances. Ces recommandations sont-elles de simples conseils, ou doit-on y voir de rigoureuses et inflexibles injonctions ? Il importe peu au fond. Le gouverneur du Crédit foncier est nommé par le gouvernement et l’établissement lui-même placé, aux termes du décret du 26 juin 1854, dans les attributions du ministre des finances : il est clair qu’un parfait accord doit régner entre le gouverneur et le ministre, et il est par là certain que les conseils-injonctions de ce dernier, pour autant qu’ils sont en soi applicables et réalisables, seront appliqués et réalisés par l’administration du Crédit foncier.

On sait à quoi se résument les recommandations qui devront, à l’avenir, s’imposer à l’attention du gouverneur : les prêts hypothécaires effectués sur les fonds provenant du capital-actions et des réserves seront soumis aux conditions prescrites par les statuts pour la conclusion de la généralité des prêts. Il conviendra d’établir plus d’unité dans les méthodes de calcul employées pour les