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A Alexandrie, l’armée avait été organisée en cinq divisions composées chacune de trois demi-brigades d’infanterie. Ces divisions étaient commandées par les généraux Desaix, Reynier, Kléber, Menou et Bon. La 32e faisait partie de la division Bon.

Pendant la nuit du 13 juillet, l’armée bivouaqua en carrés par division et en échelons. Les hommes démontés des régimens de cavalerie, les administrations, les savans et les bagages étaient au centre des carrés.

Le 14, au matin, l’armée se mit en marche dans l’ordre même où elle avait campé. Vers les neuf heures du matin, on aperçut à l’horizon la cavalerie des mamelucks. La droite de l’armée s’appuya à un village, qu’elle occupa ; la gauche, au Nil. Dans les carrés, on doubla les files, de façon qu’ils étaient formés sur six rangs. L’artillerie était aux angles morts des carrés et flanquait les échelons.

Les mamelucks chargèrent le carré de droite de la ligne avec une grande bravoure. Reçus par un feu meurtrier et bien soutenu, ils se jetèrent entre les carrés dans l’intention de les tourner et de les attaquer à revers. Leur surprise fut extrême de trouver partout des hommes leur faisant face et d’être accueillis par le même feu. Ils cessèrent leurs attaques, laissant sur le terrain une grande quantité de morts et de blessés, et onze mauvais canons mal montés.

Au début de l’action, notre flottille, qui nous avait un peu devancés sur le Nil, avait été surprise et assez maltraitée par celle de l’ennemi et par son artillerie. Nous étions arrivés fort à propos pour la dégager.

Cette première bataille, qui reçut, du nom de l’un des villages, le nom de bataille de Chebreiss, nous fit connaître que nous aurions affaire, en Égypte, à la meilleure cavalerie du monde ; que les mamelucks étaient parfaitement montés et consommés dans l’art de conduire leurs excellens chevaux et de manier leurs armes. Nos soldats trouvèrent sur les morts beaucoup d’or, des pierreries, et des armes magnifiques.

Nous bivouaquâmes sur le champ de bataille.

Les 15, 16 et 17 juillet, l’armée s’avança, comme la veille, marchant en carrés d’ordre profond, c’est-à-dire sur six rangs ; l’artillerie dans les intervalles des bataillons.