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la question, un type de bâtiment de charge d’une grande capacité intérieure, pourvu d’aménagemens spéciaux, marchant avec une belle vitesse, sans consommer lui-même beaucoup de combustible, quand d’impérieuses raisons budgétaires nous contraignent à réduire peu à peu le nombre des navires de cette catégorie ? — Il est permis d’en douter.

Nos grands paquebots rapides pourraient seuls nous fournir une solution approchée d’un problème qui ne semble pas en comporter de définitive. Mais ces navires sont dès maintenant désignés pour servir de croiseurs auxiliaires et pour courir sus aux navires de commerce que l’ennemi n’aura pas réussi à munir de quelque artillerie.

On sait ce que nous pensons d’un système d’opérations qui ne pourrait nous procurer de bénéfices sérieux que dans une guerre contre l’Angleterre, la puissance du monde qui a toujours le mieux su protéger son commerce, et dont tous les efforts convergent en ce moment vers ce but.

Nous verrons tout à l’heure quel emploi plus judicieux on pourrait faire de nos grands vapeurs rapides, et comment, à titre de service accessoire, on pourrait utiliser une grande partie de leur capacité disponible au transport de quelques milliers de tonnes de charbon en faveur de notre armée navale.

En tout cas nous n’avons pas résolu et nous ne prétendons pas résoudre les difficultés du transbordement à la mer.

Est-il possible, au large, avec du tangage, avec du roulis, de maintenir deux grands navires assez rapprochés pour que l’on fasse passer de l’un à l’autre des mannes de charbon sans qu’une manœuvre aussi délicate entraîne de graves avaries ? — C’était déjà fort difficile dans la Mer du Nord, à l’abri d’Helgoland, avec des frégates cuirassées qui ne pesaient que 5,600 tonnes : mais nos grandes unités de combat en déplacent aujourd’hui plus de 10,000 ! ..

Ces difficultés s’atténuent singulièrement si nous nous bornons à demandera un seul vapeur charbonnier, dont les 1,200 tonnes de chargement suffiront fort bien, le réapprovisionnement de nos avisos et de nos torpilleurs. Sans nul doute c’est à ces éclaireurs, toujours en quête et le plus souvent à grande vitesse, que la nécessité de refaire le plein de leurs soutes se fera sentir le plus fréquemment : ce n’est pas seulement du charbon qu’il leur faut, du reste, c’est encore de l’eau douce, avec laquelle ils alimentent leurs trop fragiles chaudières.

Grâce à leurs faibles dimensions, grâce aux facilités que présente leur manœuvre, un torpilleur, un aviso même, peuvent