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pratique que le culte extérieur ; nul ne songe au vrai culte, qui est le culte du cœur. La justice est mal rendue.


Puisque ce peuple ne me rend hommage que de bouche et ne m’honore que des lèvres, et que son cœur est loin de moi, et que sa piété se borne à des préceptes d’hommes, à une leçon apprise, je vais continuer à faire avec ce peuple des choses surprenantes, singulières, où la sagesse de ses sages ne verra goutte, où l’intelligence de ses gens d’esprit se voilera. Malheur aux artisans de trames profondes, croyant cacher leurs desseins à Iahvé, travaillant dans les ténèbres et disant : « Qui peut rien voir à ce que nous faisons. » O perversité ! Le potier pas plus estimé que l’argile ! L’œuvre disant de l’ouvrier : « Je ne le connais pas ! » Le vase disant de celui qui l’a fabriqué : « Il n’y entend rien. »

L’Ethiopie a envoyé des messagers en Judée. Le prophète défend qu’on les écoute. Tant que Iahvé le veut, la force sera aux Assyriens. Quand Iahvé le voudra, les Assyriens seront écrasés ; leurs cadavres couvriront la Judée et serviront de proie aux oiseaux. Alors les Éthiopiens reviendront pour offrir des offrandes à Iahvé. Le triomphe des anavim, des ébionim sera complet. Ce sera la fin des violens, des railleurs, des juges iniques, des pervertisseurs. Les égarés reviendront à la sagesse ; les rebelles se plieront à l’instruction.


L’assassinat de Sargon, dans son palais de Khorsabad, vers 704, ne fit qu’accentuer dans les provinces le mouvement de révolte contre la puissance ninivite. Sennachérib, fils et successeur de Sargon, eut presque à reconquérir tout ce que son père avait tenu par la force. Élulée, roi de Sidon, refusa le tribut, et son exemple fut suivi par le roi d’Askalon. Les habitans d’Ekron, mécontens de Padi, que Sargon leur avait donné pour roi, se saisirent de sa personne et l’envoyèrent à Kzéchias. C’était en même temps lui faire don de leur ville. Kzéchias accepta ; mais au lieu de mettre Padi à mort, comme le voulaient les Ekronites, il se contenta de le retenir prisonnier. Plus-prudens qu’Élulée et Kzéchias, les petits princes d’Arvad, de Gebal,. d’Asdod, les rois de Moab et d’Ammon gardèrent la neutralité jusqu’à ce que la fortune se décidât d’un côté ou de l’autre.

A Jérusalem, le parti militaire et patriote poussait vivement à ne pas manquer une occasion qu’il croyait excellente pour écraser l’éternel danger de la liberté de l’Orient. Ce parti militaire paraît avoir été presque indifférent en religion ; ce n’était pas, du moins, des iahvéistes de l’école réformée ; ils ne repoussaient pas les images sculptées ; ils étaient durs, peut-être injustes envers les gens du peuple, comme le sont souvent les aristocrates. Vis-à-vis