deux élémens de forces si inégales jadis, aujourd’hui presque de pair, présentent révolution d’une revanche de Gaulois à Franc, tandis que l’homme des champs, courbé sur sa tâche, personnifie bien la classe au-dessus de laquelle les révolutions passent éternellement sans en modifier le sort, comme le vent agite la surface de la mer sans en émouvoir les profondeurs.
Enfin, ce sont des jeunes filles revêtues de toilettes dont les nuances douces ou voyantes, mais toujours harmonieuses, composent une parure colorée et gaie comme la belle journée dont nous sommes favorisés. L’habitude est, dans nos pays, de se faire un costume de voiture, quitte ensuite à la chrysalide de sortir de son cocon de voyage pour reprendre son éclat. Ici, on choisit ses plus brillans atours avec le soin d’une actrice qui veut plaire à son public. Et voici à peu près quels ont été, pour chacune des petites excursionnistes présentes, les apprêts de l’entrée en campagne.
Dès le grand matin, la voyageuse s’est levée, et ses ablutions à peine terminées, elle a vu entrer la coiffeuse, prévenue la veille, très exacte. Vite, elle s’est agenouillée devant le miroir de métal poli, suivant attentivement le travail de construction de l’artiste. Celle-ci a démêlé, enduit d’huile parfumée la lourde chevelure, l’a pétrie, modelée, des doigts et du peigne, arrondie en lui donnant les surfaces unies d’un marbre noir, contournée en lui imposant la régularité de courbes et la netteté d’arêtes que le ciseau trouverait dans la pierre. Sur cet édifice, on a délicatement planté un léger peigne d’écaille et piqué une de ces épingles à boule de corail dont le rouge ressort bien sur un fond d’ébène. Cette coiffure laisse la nuque dégagée et permet à certaines Japonaises de faire valoir leur plus grande beauté, un cou d’une gracieuse flexibilité évoquant, moins les tresses blondes, le souvenir de la fiancée du roi Harold, Edith au cou de cygne de la légende anglaise. La question de la chevelure réglée, on a procédé à la pose du blanc sur la face et du carmin sur les lèvres. Ce dernier ingrédient se cueille avec le bout du doigt humecté de salive sur la feuille préparée d’un mignon carnet qui renferme en outre une petite glace, et qu’on serre dans la ceinture de façon à pouvoir toujours constater si aucun désordre n’est survenu dans la toilette du visage. Un coup d’œil final ayant vérifié l’état satisfaisant de toutes les grâces naturelles et artificielles, on a endossé la robe de soie, et un aide, — la servante ou la mère, — a sanglé la taille avec la vaste ceinture qui fait deux fois le tour du corps et dont l’ample largeur grandit la personne. On a enfilé la chaussette blanche, sorte de gant de pied qui laisse son jeu au gros doigt,