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UNE
VILLE D'EAUX JAPONAISE

Le soleil d’août est torride à Yokohama. Les murs de papier des petites maisons japonaises, chauffés à blanc, craquent sous les rayons ardens, et semblent prêts à se déchirer. Les constructions européennes, plus vastes, plus savamment disposées en prévision de la chaleur comme du froid, font bénéficier leurs habitans d’un soupçon de fraîcheur relative. Au Japon, pour se soustraire à cette accablante température, il suffit de fuir à quelques milles, dans l’intérieur où domine partout la montagne avec son air revivifiant. Aussi est-ce l’époque, pour les étrangers, des parties de campagne ou des promenades de plus longue haleine. Le chemin de fer, dont les lignes ne sont pas encore toutes reliées, mais qu’on commence à trouver un peu partout dans le pays, permet d’effectuer les voyages sans trop grande dépense de temps, d’argent et de fatigue.

Donc, un beau matin du mois d’août, à huit heures, nous nous embarquons à la gare de Yokohama pour descendre, une demi-heure après, à la petite station de Sinagawa, où la voie bifurque. Là commence le voyage proprement dit, car nous allons pénétrer dans la région où les étrangers ne peuvent se mouvoir que munis du laissez-passer de l’autorité indigène, et les billets ne nous sont délivrés au guichet que sur présentation des passeports.

Rien d’extraordinaire au point de vue pittoresque dans le pays que nous parcourons maintenant, d’une vitesse assez modérée. La