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les lignes et les calculs. Les matières de l’enseignement donné dans les classes de mathématiques élémentaires doivent être réparties dans les quatre dernières classes d’études secondaires, ainsi que dans les conférences qu’on vient d’instituer pour les élèves de rhétorique et de philosophie qui se proposent de cultiver plus tard les sciences. On réduirait en outre toutes les parties du programme non essentielles, pour insister sur ce qui est fondamental, les mathématiques. Au premier « cycle » de l’enseignement, qui est encore presque primaire, les sciences naturelles descriptives sont à leur place. Dans le second cycle, qui est expressément secondaire, ce sont les sciences-types qui doivent être enseignées, et il y en a deux : mathématiques et physique ; elles sont les seules essentielles et la base de toutes les autres. La chimie commence déjà à être, en grande partie, du superflu.

La botanique est inutile, la géologie encore plus ; la zoologie même ne doit reparaître que dans le troisième cycle, qui est déjà à demi supérieur. À ce degré, c’est la biologie générale qu’il faut enseigner, ce sont les lois générales de la vie et son évolution qu’il faut faire connaître. En un mot, l’enseignement des sciences naturelles est ou primaire, ou supérieur ; il n’est pas proprement secondaire, ou du moins il ne fait partie de l’enseignement secondaire que par ses théories générales et ses conclusions philosophiques. Tout élève qui a reçu une forte instruction en mathématiques et en physique possède l’instrument nécessaire pour les études de sciences : le reste n’est plus qu’affaire de temps, de mémoire et de pratique. Ajoutez-y le correctif des lettres françaises et latines, d’une philosophie sérieusement étudiée, enfin des notions générales d’histoire, vous assurerez la sélection et le développement des esprits scientifiques, — et cela par le même moyen que celle des esprits littéraires. Pour des mathématiciens lettrés et philosophes, le reste des sciences, avec leurs applications techniques, n’offrira plus de sérieuses difficultés.

Nous aimons trop en France l’uniformité, — mauvaise façon d’entendre l’unité, — et nous ne savons pas, dans l’enseignement secondaire, distinguer la base immuable, les vraies humanités, d’avec ce qui peut varier avec les aptitudes particulières. Pour notre part, nous voudrions à la fois une inflexible sévérité en ce qui concerne les fondemens communs de l’éducation classique, — français, latin, morale et philosophie, histoire de la civilisation, élémens des mathématiques et de la physique, — et une flexibilité tolérante à l’égard du grec, des langues vivantes, des détails de l’histoire, des détails de géologie, chimie, cosmographie, zoologie, géographie, etc. Ne demandons pas aux parens de vouer leurs