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L'ORGANISATION MORALE ET SOCIALE
DE
L'ENSEIGNEMENT

I.
LES HUMANITES SCIENTIFIQUES.

Plus la civilisation fait de progrès, plus la force appartient à tout ce qui est organisé, systématisé, coordonné hiérarchiquement. Au point de vue militaire, par exemple, plus le nombre des soldats s’accroît, plus il est essentiel que l’armée ait l’unité et la subordination des parties qui caractérise un être vivant. Au point de vue politique, il est clair que l’organisation est aussi l’intérêt capital et, pour ainsi dire, vital. Le danger que doit éviter la démocratie, — nous l’avons vu dans une précédente étude, — c’est précisément la dispersion de la société en individus qui n’auraient plus d’autre préoccupation que celle de leurs droits et de leurs intérêts, et pour qui l’idée des devoirs ou liens sociaux tendrait à disparaître. Comment le même danger ne serait-il pas à craindre dans l’éducation ? Là comme ailleurs, il faut d’autant plus lutter contre l’anarchie et le manque d’organisation que les connaissances à acquérir deviennent plus nombreuses et plus complexes : la science et l’industrie font de tels progrès que le cerveau humain ne