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même genre ont fait remarquer le Petit enfant assis et jouant avec un crâne d’où sort une araignée, par M. Icard. Parmi les bronzes décoratifs, on a remarqué la Source, élégante et haut perchée sur un roc, de M. Caniez ; le gamin remplissant sa cruche, A la Fontaine, par M. Van Beurden ; le chien gardant un enfant ou la Protection, par M. Peyrol. Parmi les modèles qui nous ont le plus frappé par diverses qualités, soit décoratives, soit expressives, et que nous aurons l’occasion d’examiner lorsqu’ils reparaîtront dans leurs formes définitives ; nous ne pouvons que signaler l’Aigle et le Vautour se disputant un ours mort, par M. Cain ; le jeune troupier de l’avenir, debout sur un piédestal où sont célébrées les gloires de la gymnastique, Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor, par M. d’Astanières ; les allégories poétiques de MM. Thabard et Récipon : la première, le Poète et sa Muse, plus classique et plus correcte, la deuxième, la Harpe et l’Epée, plus hardie, mais moins intelligible ; la très précise et fine étude de M. Pech, le Sophocle dansant après la victoire de Salamine ; la coquette et nerveuse Carmen, de M. Allouard ; les morceaux plus robustes du Dénicheur d’aigles, par M. Gossin ; du Premier artiste, par M. Richer ; des Orphelins, par M. Duvaux ; du Pro Patria, par M. Bogino. Le plus grand nombre des bustes qui s’alignent le long des plates-bandes seront certainement oubliés avant longtemps ; mais parmi ceux que la postérité retrouvera avec utilité et plaisir, on peut compter ceux de S. M. dom Pedro II, empereur du Brésil, et de Perrin, administrateur de la Comédie-Française, par M. Guillaume ; celui de M. L. Pasteur, par M. Paul Dubois ; celui de Victor Hugo, par M. Mercié ; celui de Labiche, par M. Boisseau ; ceux de M. Paul Chenavard, par M. Paul Gautherin, et de M. Spuller, par M. Aube.

Toutes ces œuvres intéressantes et bien d’autres se trouvent aux Champs-Elysées. Dans le palais du Champ de Mars, la sculpture, nous l’avons dit, occupe fort peu de place, et, dispersée, soit au milieu de la peinture, soit sur les galeries de la coupole, n’y produit pas tout son effet. L’œuvre la plus importante par les dimensions est un groupe réaliste, d’un aspect peu séduisant, par M. Desbois, la Mort. C’est la scène de la Mort et le Bûcheron traitée dans le style colossal ; ces deux études anatomiques, l’une d’un squelette pourri, l’autre d’un agonisant qui va pourrir, sont exécutées avec sérieux et habileté ; mais où peut-on placer cette fantaisie macabre ? M. Dalou expose deux modèles, un Lavoisier, pour la Sorbonne ; un Victor Noir, étendu à terre, son chapeau tombé à son pied, pour son monument funéraire : on y retrouve la fermeté expressive qui marque toutes les œuvres de l’auteur. Quant