amère, aussi violemment éprise des curiosités de l’archéologie que des fanfreluches de la mode, n’était pas, il faut l’avouer, facile à caractériser. La Muse qui écrit au pied du rocher sur lequel s’épanouit, dans un médaillon, la large face, chevelue et moustachue, de Flaubert, n’est donc que la Muse éternelle. Elle enregistre les titres de gloire du romancier, avec calme et sérénité, comme elle enregistrerait ceux d’un poète ou d’un philosophe, lui enseignant de plus qu’on peut unir la plénitude robuste de la beauté à la noblesse chaste de l’expression intellectuelle. Comme sculpture, c’est un des plus beaux morceaux qu’ait exécutés le maître et qui se place entre la délicate figure de la femme couronnant la tombe de Regnault et la noble figure de la Pensée se dévoilant sur celle de Daniel Stern.
Deux autres ouvrages d’un mérite supérieur, les groupes en marbre de MM. Marqueste et Puech, nous présentent, à la fois, dans une opposition intéressante, la beauté féminine et la beauté virile, telles que ces artistes la conçoivent, à travers les âges, dans la mythologie antique. Le Combat de Persée et de la Gorgone est un sujet qui hante depuis longtemps M. Marqueste. A son retour de Rome, en 1876, il l’avait déjà traité dans un modèle qui lui valut une première médaille et dont la fonte en bronze, placée dans un jardin public, fut aussi très remarquée pour ses belles découpures et son excellent rythme décoratif. Repris en marbre, modifiés et améliorés, le Persée et la Gorgone sont encore un des morceaux les plus entourés aux Champs-Elysées. Le jeune Persée, nu, svelte, bien découplé, semblable à un Mercure, coiffé d’un casque étroit à rinceaux ciselés, avec des talonnières ailées, vient de précipiter son ennemie à terre. Cette Gorgone n’est point, tant s’en faut, le monstre hideux qui hurlait, dans les temps héroïques, sur les métopes des temples doriques. C’est une Florentine de la Renaissance, comme son adversaire est un Florentin, et, n’était sa chevelure de serpens, ce serait, pour les proportions et pour la beauté du corps, une simple femme ou une simple déesse. Persée s’élance sur elle, lui appuie le pied droit sur la hanche, tandis qu’il lui empoigne d’une main la tête par ses tresses de reptiles, et de l’autre lève son cimeterre pour la lui trancher. Le mouvement est vif, énergique, ardent et donne à toute la figure du Persée un développement, en silhouette légère, d’un rythme ferme et net, d’une grande qualité sculpturale. La figure de la Gorgone nous parait moins heureuse. Outre que l’artiste aurait donné à cette lutte symbolique plus d’intérêt et plus de vraisemblance en prêtant à la malheureuse victime des proportions plus robustes et un caractère plus monstrueux, lui permettant de lutter à armes moins inégales,