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FEMMES SLAVES

V.[1]
VÉRA BARANOF.

Le pope Anastasius Dimitrovitch Baranof avait onze enfans, dont six filles. L’aînée s’appelait Véra. Imbu de l’esprit des temps modernes, Anastasius avait résolu de donner à ses filles une instruction supérieure, scientifique. Il s’occupait surtout de Véra et s’attachait à ne lui rien laisser ignorer de toutes les connaissances humaines. Quand il s’agit de Nadeschda, sa seconde fille, il montra déjà un peu moins de zèle. La troisième, Lioubof, fut encore plus négligée. Puis il s’arrêta là. Il trouvait qu’il avait vraiment trop de petites créatures aux tresses longues parcourant la maison. Toute sa science n’y aurait pas suffi.

Les trois autres sœurs se mirent donc à grandir, comme toutes les petites filles de la campagne. Nadeschda et Lioubof, ne recevant pas une éducation beaucoup plus relevée, étaient plus attirées vers les petites ignorantes que vers leur aînée, laquelle vivait isolée, ne prenant aucune part aux jeux et aux divertissemens de

  1. Voyez la Revue du 15 juin et du 15 août 1889.