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mettront au premier rang de nos épistoliers. Mais, en attendant, ses Contes ne manquent, à notre avis, que d’un peu d’imagination et d’un peu d’originalité. Voltaire se reconnaîtrait-il dans l’histoire de Touriri, prince de Bagdad ? Il se souviendrait tout au moins d’en avoir donné le modèle. Flaubert se retrouverait dans Hellè, Gautier dans Myrrha, M. Anatole France dans la Princesse Lilith, M. Alphonse Daudet dans Mélie, dans Képis et Cornettes, dans la Chapelle Blanche. Et, à la vérité, M. Lemaître s’y retrouve aussi ; et, il a bien choisi ses modèles, en habile homme qu’il est ; et, pour être imités de Flaubert ou de Voltaire, ses Contes n’en sont pas moins agréables à lire ; — mais cela ne laisse pas d’en diminuer un peu le mérite.

Nous aurions fini, s’il ne convenait en terminant de dire deux mots de quelques ouvrages qui, sans doute, ne sont pas des « livres d’étrennes » à proprement parler, ou dont le caractère serait scientifique plutôt que littéraire. Tels sont, dans la Bibliothèque des Merveilles, le livre de M. Maxime Hélène sur le Bronze, ou celui de M. Guignet sur les Couleurs : le second plus savant, plus instructif, plus utile aux critiques d’art et peut-être aux artistes eux-mêmes ; le premier, plus facile à lire et moins spécial. Tel est encore, chez Firmin-Didot, le beau volume de M. Gabriel Dallet : le Soleil et les Étoiles, dont nous craignons seulement de n’avoir pas très bien vu ce qui le distingue de tant de traités d’astronomie et de descriptions du ciel. Tel est enfin, chez l’éditeur Hennuyer, le très bel ouvrage de M. de Quatrefages : Introduction à l’étude des races humaines, orné de 441 gravures dans le texte, de 6 planches et de 6 cartes. Celui-ci est assurément le meilleur livre que l’on puisse aujourd’hui consulter sur l’anthropologie générale et sur la difficile question de la Classification des races humaines. C’est en même temps, comme son titre l’indique, le premier volume d’une série d’ouvrages que MM. de Quatrefages et Hamy se proposent de consacrer à la description détaillée des grandes races de l’humanité : blanche, noire, jaune, puisqu’aussi bien, et quoique la couleur ne soit qu’un caractère extérieur et superficiel, on n’en a pas trouvé qui différenciât plus nettement les hommes, il est d’ailleurs assez curieux que cette Histoire générale des races humaines commence de paraître dans le temps même où l’on se demande si la science, depuis une quarantaine d’années, n’aurait pas peut-être attribué dans l’histoire, à la race, beaucoup plus d’importance qu’elle n’en paraît décidément avoir.