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L’AFRIQUE ET L’OCÉANIE
À
L’EXPOSITION UNIVERSELLE


I

La moins connue des cinq parties de notre globe, bien que la plus rapprochée de nous, l’Afrique, occupe à l’Exposition une place considérable. Elle la doit autant à l’intérêt qu’inspire à la France sa grande colonie méditerranéenne qu’à celui qui s’attache aux explorations dont l’Afrique centrale est l’objet, aux résultats qu’on en attend, et au rôle réservé à ce continent, longtemps tenu pour le moins favorisé de tous. Ce facteur nouveau semble, en effet, appelé à prendre, dans le mouvement économique et commercial, un rang que l’on était loin de lui assigner il y a un demi-siècle. On estimait alors qu’au-delà des côtes le continent noir ne renfermait que vastes déserts de sable semés de rares oasis, que lacs stagnons, qu’immenses espaces peu peuplés, refuges de tribus nomades, réfractaires à toute civilisation.

Compacte et massive, mal découpée et mal articulée, trois fois plus grande que l’Europe et baignée par cinq mers, l’Afrique ne possède, sur son immense périmètre, que quelques fleuves, distans les uns des autres. Barrés par des rapides, soumis, comme le Nil, à des crues annuelles, ou, comme le Zambèze, à des crues imprévues et soudaines, partout ailleurs d’un régime irrégulier, ils n’offraient aux explorateurs que des voies incertaines, à leurs embouchures qu’un point d’appui et de départ réputé malsain,