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en 1878 et en 1879, sous le ministère de M. Bardoux, il s’élève à 8,625,330 francs ; enfin de 1880 à 1884, sous les ministères successifs de M. Jules Ferry, il atteint 11,652,355 francs. Il est, en 1889, de 11,391,495, le triple environ de ce qu’il était en 1870.

C’est là le chiffre de ce que l’État alloue aux facultés. En réalité, elles sont loin de lui coûter autant. En effet, en même temps qu’elles dépensent, elles produisent. Leurs étudians et les candidats qui viennent chercher leurs grades paient des droits, droits d’inscription, de bibliothèque, de travaux pratiques, droits d’examen et de diplôme, et tous ces produits vont droit au trésor, sans qu’un centime reste en leurs mains. Pour évaluer ce qu’elles coûtent réellement, de ce qui leur est attribué, il faut donc déduire ce qu’elles rapportent. Il fut un temps où la balance s’établissait au profit du trésor ; les recettes des facultés étaient supérieures à leurs dépenses, et loin de leur donner du sien, l’État tirait d’elles un bénéfice. Hâtons-nous de le dire, pour l’honneur de notre pays, voilà bien longtemps déjà qu’il n’en est plus ainsi. Depuis 1838, le compte des facultés s’est soldé chaque année par un excédent de dépenses, et naturellement cet excédent s’est accru à mesure que s’élevaient les crédits. Voici la balance du dernier exercice clos, l’exercice 1888 : crédits alloués, 11,445,445 ; recettes effectuées, 4,929,160 ; excédent de dépenses, 6,516,285 francs.

Six millions et demi, en chiffres ronds, telle est au juste la contribution réelle de l’État aux dépenses des facultés. Comparé à ce que coûtent au trésor l’enseignement primaire et l’enseignement secondaire, le premier quatre-vingt-dix millions et le second dix-sept, ce chiffre n’a rien d’excessif. Comparé à ce que coûte ailleurs l’enseignement supérieur, il paraîtra plutôt insuffisant. On ne peut prendre pour terme de comparaison les universités anglaises, qui vivent de leurs propres biens. Il serait difficile de considérer en bloc les vingt et une universités de l’empire allemand, qui sont loin d’avoir en Saxe, en Bavière et en Prusse le même régime financier. Mais on peut, sans l’affaiblir, réduire la comparaison aux seules universités prussiennes. Il y a en Prusse dix universités. Leur budget total est à peu près égal à celui des facultés françaises, 11,882,229 francs pour l’exercice 1888-89. Sur cette somme 3,408,641 francs proviennent de fonds qui leur appartiennent, intérêts de capitaux, revenus de biens-fonds, immatriculations, cotisations et fondations. Le reste, c’est-à-dire de beaucoup la plus grosse part, 8, 473,588 francs, est fourni par l’État, sans compter des crédits extraordinaires qui, dans ces derniers temps, ont été chaque année d’un ou de deux millions. Ainsi les dix universités prussiennes reçoivent à elles seules de l’État, au budget ordinaire,