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prépara bien le projet de loi ; mais il ne le soumit pas aux chambres. Il parut hasardeux de procéder par reconstruction totale. Les idées qui avaient cours sur les points essentiels de la réforme formaient bien une sorte de protoplasma où flottaient des germes, mais des germes encore épars et dans l’ensemble desquels le futur édifice ne se laissait pas voir encore avec assez de netteté. On se dit aussi que la loi ne crée pas les mœurs, mais qu’elle doit les suivre. Or si l’on était d’accord pour souhaiter dans les facultés des mœurs nouvelles, on l’était également pour reconnaître que ces mœurs commençantes n’étaient encore ni assez générales, ni assez fermes, pour mériter la consécration de la loi. A une révolution subite, brusquant toutes choses, on préféra une évolution graduelle, les assurant l’une après l’autre, l’une sur l’autre, et permettant au besoin de les reprendre et de les corriger. On ne se traça pas un plan définitif et immuable ; mais on se réserva de développer l’œuvre d’après la loi d’évolution qui ne pouvait manquer, si vraiment c’était œuvre vivante, de se dégager d’elle, et l’on attaqua l’entreprise sur plusieurs points à la fois, du dehors et du dedans tout ensemble.


IV

Commençons par le dehors, c’est-à-dire par les bâtimens. Nous avons dit leur état presque partout lamentable. Qu’il fallût les refaire, c’était chose entendue, depuis le gouvernement de juillet. Pendant toute la durée de l’empire, on avait élaboré des plans[1] ; un instant même, on avait fait mine de vouloir les exécuter, en posant la première pierre, la première pierre seulement, de la nouvelle Sorbonne. La campagne ne fut sérieusement entreprise que de nos jours T par le gouvernement de la République. Elle commença, en 1876, par la reconstruction des facultés de Grenoble ; elle fut poursuivie sans un jour de relâche, par tous les ministres de l’instruction publique ; elle s’achèvera demain par la construction des nouvelles facultés de Lille.

Voici, en un sommaire, les résultats de cette campagne. — Paris : construction de la nouvelle Sorbonne, facultés des sciences et des lettres ; reconstruction de l’école de pharmacie ; agrandissement de la faculté de droit ; agrandissement de la faculté de médecine ; reconstruction de l’école pratique. — Besançon : création d’un observatoire. — Bordeaux : construction d’une faculté

  1. Voir, dans l’ouvrage de M. Gréard intitulé Éducation et Instruction, le volume consacré à l’enseignement supérieur.