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et très hygiénique, peut être utile pour l’isolement d’un varioleux, d’une femme en couches ou d’un opéré ; mais c’est un moyen un peu dispendieux.

La ville de Londres a exposé, dans le groupe de l’Économie sociale, son système d’isolement et de traitement des maladies contagieuses. Sur un plan de la ville, de dimensions considérables, on voit indiqués l’emplacement des hôpitaux, le trajet des voitures de transport, les quais d’embarquement, la traversée des deux navires qui portent les malades à l’hôpital flottant mouillé à Long-Reach, sur la Tamise, et qui les en ramènent. Des vues photographiques aident à comprendre le fonctionnement de cet important service.

L’isolement ne suffit pas pour empêcher les maladies contagieuses de se répandre dans les hôpitaux et dans les villes. On sait que les germes qui les propagent se transportent avec les poussières, le linge, les objets de literie et les vêtemens des malades ; aussi la désinfection occupe-t-elle aujourd’hui le premier rang parmi les mesures sanitaires qui permettent de prévenir et d’enrayer les épidémies. L’expérience a prouvé que le meilleur moyen de détruire ces germes consiste à soumettre les objets suspects à l’action de la vapeur d’eau élevée à une température de 106 degrés au moins. Aussi les étuves à vapeur sous pression qui remplissent seules ces conditions sont-elles aujourd’hui exclusivement adoptées. Il en existe plusieurs modèles sur l’esplanade des Invalides.

Ce sont d’abord, et par ordre de priorité, celles de MM. Leblanc et Dehaitre qui ont figuré à l’exposition de la caserne Lobau. Les premiers appareils fonctionnant par la vapeur surchauffée ont été construits dans les ateliers de M. Leblanc, pour le compte de la marine et sur les plans de la direction d’artillerie, en exécution d’un marché qui remonte au mois de septembre 1882.

Toutes nos colonies à fièvre jaune en sont aujourd’hui pourvues. MM. Geneste et Herscher ont adopté le principe et perfectionné le système. Leurs étuves sont exposées dans le pavillon spécial qu’ils ont élevé sur l’esplanade des Invalides. Elles sont fixes ou mobiles. Les premières sont destinées aux établissemens hospitaliers et placées dans un local spécial, divisé en deux compartimens séparés qui ne communiquent que par l’étuve. Les objets contaminés sont reçus dans une première pièce, introduits dans l’appareil, et, quand ils ont subi l’action de la vapeur, ils sortent par l’extrémité opposée du cylindre et sont déposés dans une autre salle pour être transportés au dehors, sans qu’il puisse y avoir de contact entre les objets ni les personnes avant et après l’opération. Ces étuves ont été adoptées par les différens ministères et mises en usage dans les hôpitaux de Paris. MM. Geneste et Herscher