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à celles de Gennevilliers. Les irrigations se font-deux fois par jour. On voit pousser, comme par enchantement, sur ce terrain fertilisé, des légumes de toute espèce, des herbages, des fleurs, et des arbres fruitiers. Pour constater la transformation que l’eau a subie en filtrant à travers le sol et pour s’assurer de sa pureté, les visiteurs n’ont qu’à descendre dans la tranchée ménagée ace effet, et à puiser à la petite cascade qui murmure au fond. Une glace placée de chaque côté de cette cascade permet de reconnaître la nature du terrain rapporté, sur une hauteur de 2 mètres.

Cette démonstration aura pour résultat de faire cesser les dernières préventions relatives à l’épandage des eaux d’égout. Tous ceux qui ont visité les terrains de Gennevilliers en sont revenus convaincus ; mais peu de gens se donnent la peine de se déranger pour se former une opinion, et le service de l’assainissement a bien fait de mettre l’expérience sous les yeux de tout le monde. Les visiteurs reconnaîtront qu’on peut se promener au milieu des terrains d’épandage sans y respirer un air infect, que les eaux <circulent dans des rigoles profondes et n’atteignent les plantes que par leurs racines, enfin que l’eau d’égout qui a traversé une couche de terre de 2 mètres est parfaitement filtrée et devenue de l’eau potable. Cela rassurera peut-être les esprits timides qu’effrayait encore le consentement donné par les chambres à la ville de Paris, de disposer, pour ses irrigations, des 800 hectares de terrain qui forment la plaine d’Achères et qui appartiennent au domaine de l’état.

Quelques villes de France ont commencé à suivre le mouvement et utilisent leurs eaux d’égout pour la fertilisation de leurs terrains arides. La ville de Reims est dans ce cas. Grâce à l’ardeur communicative de son maire, le docteur Henrot, elle a fait en hygiène, depuis quelques années, des progrès remarquables, et installé notamment un système complet d’utilisation de ses eaux-vannes. Un magnifique plan en relief à 1/2000e représente la ville, ses environs, les champs d’épuration et les conduites qui les alimentent. La superficie consacrée à l’épandage est de 500 hectares, dont 150 appartiennent à la ville, qui les a concédés pour trente-six ans à la Compagnie des eaux-vannes. La ville de Reims expose également une série de tableaux de grandes dimensions. Ce sont des diagrammes tracés par le docteur Hoël, directeur du bureau d’hygiène, et qui expriment le mouvement de la population et de la mortalité de la ville, par année et par maladies.

L’importance qu’on attache aujourd’hui à la pureté des eaux potables explique le développement qu’a pris l’industrie des filtres, la variété, et le nombre des appareils de ce genre qu’on trouve réunis au palais de l’hygiène. Toute une salle leur est consacrée. Les appareils qu’on y trouve sont de deux sortes. Dans les uns, le